La Cour des comptes est un repère de hauts fonctionnaires sortis parmi les premiers de l’ENA. Elle a souvent fait preuve dans le passé d’une grande indécence sociale et d’un oubli total des conditions de vie réelles de « ceux d’en bas »...
Ainsi, dans un rapport de 2000 sur les activités minières en France, les magistrats de la Cour avaient établi un décompte minutieux des jours de présence des mineurs travaillant dans les mines de charbon de Lorraine et se plaignaient d’une tendance à la baisse du nombre de jours de travail de ces mineurs. Ceci alors que la quantité de travail réelle de nombre de magistrats était pour le moins réduite. En témoigne une prestation télévisée de 1989 d’un membre de ladite Cour devenu député. Ce dernier, un certain François Hollande, affirmait que depuis qu’il était député, il se sentait moins privilégié que lorsqu’il était conseiller référendaire à la Cour des comptes... Il montrait comment à la Cour, il était possible d’être payé sans guère travailler et de venir à peu près quand on voulait1.
Aujourd’hui, les choses ont un peu changé et les membres de la Cour travaillent plus souvent. Mais l’arrogance sociale demeure et s’y ajoute même une tendance à sortir de son rôle de contrôle des comptes publics pour donner son avis sur l’opportunité des dépenses.
Un tribunal antisocial
Sarkozy a nommé comme président de la Cour un socialiste, Didier Migaud. Celui-ci lui a renvoyé l’ascenseur en faisant de la Cour des comptes un tribunal au service de l’austérité et des mesures antisociales. Ce rôle se poursuit sous Hollande. Le pouvoir prévoit un nouveau coup contre les travailleurs, on cogite en secret dans les ministères, puis la Cour fait un rapport et, comme les prétendus experts ont parlé, les mesures en fait déjà prévues peuvent alors être prises. Il y a aussi la tactique où la Cour fait un rapport très dur, puis le gouvernement prend des mesures en apparence plus modérées. Didier Migaud, élu par personne depuis qu’il n’est plus député, est devenu ainsi un des premiers personnages de l’État.
Le 17 septembre, à l’occasion du rapport annuel sur la Sécurité sociale, la Cour est allée jusqu’à remettre en cause la prise en charge par l’assurance maladie des dépenses d’optique. Celle-ci est déjà dérisoire, mais c’est justement un argument de la Cour pour la supprimer totalement et faire passer la charge aux mutuelles. Or tout le monde n’est pas couvert par une mutuelle et celles-ci remboursent très inégalement les frais d’optique. Supprimer une prise en charge par la Sécurité sociale, certes insuffisante, c’est accroître les inégalités !
Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a affirmé que l’avis de la Cour ne serait pas suivi sur ce point... Mais elle ne prévoit rien pour permettre à chacun un accès correct aux soins les plus mal pris en charge par l’assurance maladie, comme l’optique ou les soins dentaires. Pour sa part, le NPA revendique la prise en charge à 100 % des soins et des lunettes par l’assurance maladie avec un contrôle sur les tarifs des opticiens.