Publié le Jeudi 1 décembre 2016 à 15h13.

Résister à la droite la plus « cogne » du monde

Pas de surprise lors du deuxième tour de la primaire de la droite : Fillon l’a emporté haut la main sur Juppé...

Il aura été difficile d’échapper à la déferlante médiatique autour de cette finale entre deux vieux larrons réactionnaires ayant depuis plus de trente ans écumé les ministères en servant au mieux les intérêts de la bourgeoisie. Mais cela a au moins permis de nous familiariser avec ce que nous devons nous préparer à combattre dès maintenant !

La stratégie du choc

C’est difficile d’écouter Fillon dérouler son programme sans se pincer pour vérifier qu’on n’est pas en plein cauchemar : fin de la durée légale du travail (avec le curseur jusqu’à 48 heures hebdomadaires en fonction des accords d’entreprise), retraite à 65 ans, fin des régimes spéciaux, dégressivité des allocations chômage, allocation sociale unique, suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, allègement d’impôts de 40 milliards pour les entreprises, suppression de l’ISF, dynamitage de la Sécurité sociale avec la fin des cotisations patronales, augmentation de la CSG et de la TVA (de deux points) et généralisation des complémentaires... De quoi faire passer les mesures anti-sociales de Valls-Hollande pour des traitements homéopathiques !

Fillon promet de réaliser tout cela en quelques semaines à coup d’ordonnances et de 49.3, car « les organisations syndicales n’ont plus la force pour accomplir les blocages dont elles menacent ».

Racisme décomplexé, ordre moral et appui aux dictateurs...

Si on s’enfonce un peu plus dans le bourbier programmatique de Fillon, on a de quoi vomir à répétition. Dans son livre, Vaincre le terrorisme islamique, Fillon ne prend pas de gants : « Non, il n’y a pas un problème religieux en France. Oui, il y a un problème lié à l’islam », écrit-il. Il veut autoriser les « statistiques d’origine » pour permettre « de fixer un cadre à notre politique migratoire ».

Il annonce aussi qu’il reviendra sur la loi Taubira, notamment sur l’adoption d’enfants par les couples homosexuels. Grand défenseur de la religion catholique, il prône le retour à l’ordre moral d’avant 1968 : uniforme à l’école, remise en cause de l’avortement car destructeur de la famille... Et il soutient ouvertement les dictateurs russe et syrien, Poutine et Assad.

Le retour de la vraie droite, c’est la continuité… en pire !

Fillon voudrait fixer des quotas d’immigration ? Mais qui a démantelé le camp de Calais, organise aujourd’hui la chasse aux migrantEs ? Sur les retraites, en 2013, Hollande ajoutait une couche aux attaques des gouvernements précédents, en allongeant à 43 ans le nombre d’années de cotisations nécessaires pour la retraite à taux plein. Fillon veut juste poursuivre. Il annonce vouloir mettre les accords d’entreprise au centre et faciliter les licenciements ? Avec sa loi travail, Hollande a commencé à le faire !

Alors, ne nous laissons pas abattre par les résultats de cette primaire de droite, il ne pouvait rien en sortir de bon ! Tout comme il ne sortira rien de bon de la primaire « de gauche » (avec ou sans Hollande, avec ou sans Valls ou avec les deux...). Face à ces candidats du sérail ou outsiders, de gauche, de droite ou d’extrême droite, mais qui tous, de Macron à Le Pen, veulent gouverner pour les patrons, il est indispensable que le monde du travail se fasse entendre.

La messe n’est pas dite

Car tous ces gens-là ont peur. De nous. Car ils savent que même en partie divisés, même abusés, nous sommes la force qui pourrait en quelques semaines les faire « dégager », comme les peuples arabes ont fait dégager nombre de leurs dirigeants à la surprise générale fin 2010 début 2011.

Succomber à l’abattement est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre. Et la meilleure façon de ne pas y succomber, c’est de faire entendre une voix qui porte sans ambiguïté les exigences et aspirations du mouvement contre la loi travail, la perspective d’un mouvement d’ensemble, pour imposer un plan d’urgence sociale, démocratique, écologique contre les banques, les multinationales et l’appropriation privée des richesses, une voix internationaliste solidaire des migrantEs, contre le racisme, les guerres, pour une Europe des travailleurs et des peuples, une voix qui porte aussi la perspective d’une autre société, socialiste, communiste...

Cette voix, Philippe Poutou, candidat du NPA, la portera dans les élections présidentielles. Mais surtout soyons nombreuses et nombreux sur nos lieux de travail, sur nos lieux d’études, là où nous vivons, à nous persuader que c’est par nos luttes, par nos grèves, nos mobilisations qu’elle aura la meilleure caisse de résonance.

Marie-Hélène Duverger