« Nous on veut vivre, pas juste survivre ! La retraite à 60 ans, bosser mieux et moins longtemps... justice ! » Le ton était donné par les Rosies dès l’ouverture du meeting contre la réforme des retraites organisé par Politis ce mercredi 15 février à Paris.
Il a réuni près de mille personnes.
«C’est un outil pour le mouvement social », explique Youlie Yamamoto à la tribune : à travers le bleu de travail, le foulard de Rosie la riveteuse et les gants de ménage, il s’agit de rendre visible l’invisible du travail des femmes, dévalorisées, sous-payées ou pas payées du tout, de symboliser l’apport des femmes à la société et leur force. « L’angle féministe, c’est le talon d’Achille qui peut faire tomber la réforme ».
Sexisme de la réforme des retraites
Puis, trente femmes ont pris la parole pour dénoncer les mensonges du gouvernement et mettre en évidence le sexisme de cette réforme, sans oublier Mathilde qui nous a fait cadeau d’une chanson inédite : « je suis libre de mon corps, de ma vie, si ça plaît pas tant pis ... ». Salariées du public et du privé, syndicalistes, chercheuses, artistes, élues et militantes politiques de gauche et d’extrême gauche, elles représentaient la diversité du féminisme et convergeaient contre la réforme du gouvernement.
Parmi elles, Christiane Marty, chercheuse, membre d’Attac et de la Fondation Copernic, posait le débat. La solution au problème passe par la réduction des inégalités dans l’accès à l’emploi et dans les inégalités salariales entre hommes et femmes. Cela pose la question de l’ensemble de l’organisation sociale, « ce qui en fait un enjeu de société ». Rachel Silvera, économiste, faisait apparaître que le travail à temps partiel s’était développé dans les années 1980 grâce à des politiques publiques permettant aux employeurs de le développer dans les secteurs très féminisés.
Un élan unitaire pour mobiliser
Plusieurs témoignages ont illustré la pénibilité du travail des métiers féminins. Pour Dominique Ribesois, cheffe de rayon à Monoprix (CGT), « travailler jusqu’à 67 ans c’est impossible... la vie est importante, moi je veux voir mes arrière-petits-enfants ! » Virginie Cassand, AESH (FSU), a fait un vibrant plaidoyer pour la reconnaissance du métier et la revalorisation des salaires, et Anissa Amini, aide-soignante en Ehpad (Sud Santé), a dénoncé la casse de l’hôpital public.
Rachel Keke, députée LFI, a galvanisé la salle contre cette réforme « qui humilie les femmes, qui les maltraitent ». « Elle ne doit pas passer », a-t-elle martelé : « toutes les femmes de ce pays doivent sortir dans la rue ! »
Imane Ouelhadj (Unef) ajoutait aux motifs de mobilisation de la jeunesse, la réforme des bourses qui va accroître leur précarisation et revendiquait que les années d’études soient prises en compte pour la retraite.
Anne Leclerc (CNDF) au nom de plusieurs associations féministes, plaçait la grève féministe du 8 mars, sous le signe aussi de la solidarité internationale et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Pauline Salingue (NPA), dans cette mobilisation historique où les femmes sont aux avant-postes, appelait à ne pas opposer la grève pour la retraite et la grève féministe du 8 mars mais à n’en faire qu’une qui devienne reconductible.
Clémentine Autain (LFI) mettait en garde contre l’extrême droite et ses solutions natalistes, sexistes et racistes et terminait ce meeting par un appel à la grève : « Nous allons gagner parce que nous sommes des millions ! »
Toutes les interventions reflétaient l’élan unitaire. Bref un moment réussi et mobilisateur !