Série espagnole en 4 épisodes de 46 min, disponible jusqu’au 4 décembre 2025 sur arte.tv
Concernant les violences de genre, il est admis que l’Espagne a quelques longueurs d’avance. Cela se traduit, une fois encore, dans la fiction. Querer, la minisérie dirigée par Alauda Ruiz de Azúa en est une illustration.
Viol conjugal
On ne le sait pas immédiatement, alors autant le dire : Miren (Nagore Aranburu), la femme au centre de cette histoire, aussi menue soit-elle, fait preuve d’une grande détermination et se montre absolument inflexible.
Au bout de sa vie de couple, elle décide que ça suffit ! Que ce qu’elle a subi, que ce qu’elle a laissé faire, doit cesser. Elle prend une avocate — féministe, militante — et porte plainte contre son mari pour viol conjugal, répété à l’infini tout au long de leur vie commune.
Ensemble, ils ont deux enfants, qui prennent parti. L’ainé, Aitor (Miguel Bernardeau), socialement bien établi, se range ouvertement du côté de son père, répétant à l’envi les clichés sur le couple et le devoir conjugual — il y laissera le sien, de couple, car sa compagne comprend, elle. L’autre, Jon (Iván Pellicer), homosexuel, n’est pas contre sa mère, car il écoute, car il comprend, car il partage l’expérience douloureuse d’un père violent, d’un père dominateur.
Quant au mari, Íñigo (Pedro Casablanc), adossé à une famille bourgeoise dominatrice, il cultive une sorte de bonne éducation, de vernis social irréprochable, de bonne tenue qui lui vaut le soutien des amis du couple, jusque et y compris au moment de témoigner face à la justice.
Un parti pris bienvenu !
La détermination de Miren fait ressortir les failles et les doutes des autres personnages. La réalisatrice passe en revue tout ce que Miren doit affronter. Elle montre la palette impressionnante des attitudes du mari, tour à tour enjôleur, menaçant, violent — symboliquement — manipulateur, stratégique. Cet homme fait peur, en toute simplicité. Il cherche à gagner le soutien de leurs fils, mettant en œuvre vis-à-vis d’eux tous les comportements dont l’accuse Miren.
L’appui qu’il trouve auprès de sa propre famille, emblématique d’une certaine bourgeoisie de l’État espagnol, semble aller de soi, et glace le sang. Réquisitoire implacable qui déniche les ravages de la domination patriarcale au cœur d’une famille « normale » de la société basque. À voir !
Claude Moro