Saint-Denis est la dernière ville de plus de 100 000 habitants encore dirigée par une municipalité PCF (en alliance avec des socialistes dont quelques uns passés au PG, des écologistes, des inorganisés, des ex-PCF passés à la FASE et… Lutte ouvrière). La campagne municipale est lancée.
Dans cette ville, l’UMP ne constitue pas une menace de basculement à droite, Hollande ayant été élu à près de 70 %. L’extrême droite n’a pas d’implantation locale, même s’il semblerait que d’anciens élus de droite soient en train de chercher un parrainage du FN et peuvent nous faire une mauvaise surprise.
L’enjeu pour le PS est de savoir si Hanotin, nouveau député qui a évincé Braouezec en 2012, incarnera « le changement » en mettant un terme à l’hégémonie du PCF depuis 1925. S’il réussissait, à Saint-Denis comme dans d’autres villes du département (Saint-Ouen, La Courneuve ou Villetaneuse où le PS se présente contre les sortantEs PCF), cela lui permettrait de compenser une partie des pertes dues à la sanction de la politique gouvernementale. Ce que le FdG ne cesse de déplorer. Déjà vice-président du conseil général et député, le jeune loup du PS se garde bien de toute référence à la politique nationale, affirmant qu’il a une « ambition » pour la ville comme s’il ne votait rien à l’Assemblée. Il a évidemment démarré sa campagne sur le terrain sécuritaire, ce qui fait consensus du PCF à la droite. Dans ces conditions, le FN n’a pas besoin de faire campagne...
Autoritarisme et austérité
L’équipe municipale sortante a réussi à se rallier le Front de gauche (GA comprise mais sans les Alternatifs) en faisant l’impasse sur son bilan. Elle fait taire toute critique et brandit le vote utile. Dans une position de forteresse assiégée, le staff de campagne du maire Paillard tente de mobiliser toutes celles et ceux qui ont intérêt à sa reconduction, ne répugnant pas à utiliser les vieilles ficelles du clientélisme.
Il faut dire que ce n’est pas son bilan qui a une chance d’enthousiasmer : une politique brutale de rénovation urbaine visant à attirer une nouvelle population plus aisée. L’évacuation d’immeubles insalubres, en commun accord avec la préfecture, et la mise à la rue d’une cinquantaine d’habitantEs qui ont été traqués par la police tout l’été. Des services publics passés à la moulinette des réorganisations aboutissant à des privatisations (voirie, parkings...). La prise en main par des directions techniques, privilégiant les économies de coûts, provocant tensions et mobilisations des personnels, comme dans le service social ou les centres municipaux de santé. Et toujours une gestion des personnels faite d’autoritarisme et de précarité.
Nous participons aux mobilisations et résistances contre les politiques d’austérité nationales mais aussi locales. C’est pourquoi le NPA a lancé un appel aux organisations, aux militantEs organiséEs ou non avec lesquelLEs nous menons ces bagarres, pour une réunion le 15 novembre afin de discuter de la constitution d’une liste qui refuse la fausse opposition PS / FdG, expliquant que demain, quel que soit le gagnant, il faudra se battre contre l’austérité et les privatisations de services publics, pour le droit au logement. Une liste pour défendre une alternative aux politiques d’austérité, proposant des mesures d’urgence, qui ne laissent pas le terrain de l’opposition à l’extrême droite. La meilleure façon de préparer les mobilisations indispensables, avant, pendant et après la séquence électorale.
Cathy Billard