Sarkozy a tenu à affirmer à Saint-Quentin sa détermination à imposer les contre-réformes dont le rejet s’est exprimé massivement dans la grève et les manifestations du 19 mars. Il a esquissé également les axes d’une offensive contre les travailleurs, la jeunesse et les anticapitalistes.
Sarkozy a tenu à affirmer à Saint-Quentin sa détermination à imposer les contre-réformes dont le rejet s’est exprimé massivement dans la grève et les manifestations du 19 mars. Il a esquissé également les axes d’une offensive contre les travailleurs, la jeunesse et les anticapitalistes.
Du discours de Sarkozy à Saint-Quentin, le 24 mars, les media ont surtout retenu ses propos moralisateurs et hypocrites contre les « parachutes dorés, les bonus, la distribution d’actions gratuites ou de stock-options dans une entreprise qui reçoit l’aide de l’Etat ou qui met en œuvre un plan social d’ampleur ou qui recourt massivement au chômage partiel », ainsi que son prétendu bras de fer avec la patronne du Medef, Parisot. Mais, comme le décret qui s’en est suivi, ce n’était qu’un écran de fumée destiné à masquer la réalité de sa politique, entièrement au service des classes possédantes.
La mise en scène - meeting de campagne organisé dans la ville du nouveau dirigeant de l’UMP, Xavier Bertrand, une salle remplie de supporters acquis par avance-, comme le discours lui-même sont en réalité le signal d’une offensive dirigée contre tous ceux qui contestent sa politique, les travailleurs et les jeunes, qui se sont mobilisés massivement le 19 mars.
L’autosatisfaction affichée par Sarkozy est en elle-même une provocation. Il a égrené une série de mesures dont il prétend qu’elles pourraient soulager les conséquences de la crise pour les plus pauvres : une meilleure indemnisation du chômage partiel, l’extension des contrats de transition professionnelle, le versement d’une prime de 200 euros anticipant la mise en place du RSA, le versement de 200 autres euros sous forme de « bons d’achats de services à la personne », la suppression ou réduction des deux derniers acomptes de l’impôt sur le revenu pour les familles imposables au titre de la première tranche, l’augmentation déjà programmée de l’allocation adulte handicapé, le versement anticipé de la prime de rentrée scolaire… Toutes choses dérisoires face à l’explosion du chômage (près de 80 000 chômeurs de plus encore au mois de février) et qui, en outre, avaient déjà été annoncées. Quant aux jeunes qui sont les premières victimes du chômage (32% de plus sur un an), Sarkozy n’a à leur proposer que des formations en alternance et des contrats d’apprentissage -avec l’objectif d’en doubler le nombre, actuellement de 600 000. Ce qu’il ose appeler « un plan d’urgence » !
Sarkozy s’est montré en défenseur des classes privilégiées, vantant le bouclier fiscal comme étant l’« expression d’un choix de société qui valorise la réussite » et se félicitant des plans de sauvetage des banques ou de son plan de relance en prétendant, contre toute réalité, alors que déferlent les plans de licenciements, qu’ils auraient même « rapporté des intérêts » ou permis de « sauver des milliers d’emplois ».
« Autonomie des universités », « réforme du lycée », réforme de la Fonction publique et non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite… Sarkozy a dit qu’il ne cèderait pas.
Bien conscient de la montée de la révolte contre sa politique au service des privilégiés, il a esquissé les axes de son offensive contre la contestation des travailleurs et de la jeunesse.
Opposant à plusieurs reprises « ceux qui manifestent » et « ceux qui ne défilent pas, cette majorité silencieuse qui n’a pas les moyens de se mettre en grève», il a annoncé de nouvelles mesures répressives contre les jeunes –appartenance à une bande, intrusion dans un établissement scolaire sanctionnées par des peines de prison –sous couvert de combattre le « recours à la violence » ou « à l’intimidation ». Et c’est dans la suite de cette annonce d’une politique encore plus sécuritaire qu’il a évoqué la Guadeloupe et la « violence » et « l’intimidation » qui y auraient été utilisées.
Comme il a pris pour cible aussi –et ce n’est pas un hasard- « les anticapitalistes », « ceux qui veulent le détruire [le capitalisme] et qui, en même temps, ne nous y trompons pas, détruiront la liberté ».