Entretien avec François de Montreuil, un grand voyageur.
Tu es un « grand » collecteur de signatures et de longue date ?
Oui, je vais à la chasse aux parrainages depuis la première campagne Besancenot. Je profite souvent des vacances. Par exemple cet été, j’ai passé deux jours à sillonner un canton des Hautes-Alpes, au nord de Sisteron, à parcourir une vingtaine de communes et j’ai récupéré une promesse.
Mais ton terrain de prédilection c’est l’Aisne. Pourquoi ?
En région parisienne, ce sont de très grosses communes, où les maires sont encartés et donc, les jeux sont faits ! Ils veulent montrer leur attachement à leur parti, et ils suivent les consignes. Dans l’Aisne, j’ai déjà fait entre 15 et 20 tournées, cela fait 150 communes, 45 maires vus et 7 promesses. J’y vais sur une journée, il faut déjà 1 h 15 pour arriver dans le département.
Tu y vas seul ?
Si personne n’est disponible oui, mais je préfère y aller à deux. Ce sont de longues journées et, quand on tourne toute une journée, à deux, on a plus de détermination et d’émulation. On peut discuter de politique, de notre engagement, de la manière d’aborder les maires, etc. Et pour les aspects pratiques, c’est mieux. Le copilote gère l’itinéraire avec carte et GPS, il note ensuite les infos recueillies, fait le compte rendu de la rencontre avec le ou la maire… La recherche des signatures est un moment militant collectif. On n’a que très rarement la promesse la première fois. Donc les infos collectées et notées sont importantes pour soi, si l’on y retourne, mais encore plus si c’est une nouvelle équipe qui y va.
Dernièrement tu es allé trois jours dans le Cher avec un camarade ?
Oui on est passé dans 30 communes, on a vu une dizaine de maires et on a une promesse, cinq à revoir qui hésitent, dont deux prometteurs. On en a aussi profité, entre deux visites, pour visiter un peu le coin ! On s’aperçoit que la sociologie des territoires est très différente. Le Cher est partagé entre les villages rouges, imprégnées d’une vieille culture communiste et les villages blancs influencés par l’aristocratie et la bourgeoisie.
Quels sont les sujets de préoccupation des maires ?
La question des revenus, de la pauvreté des administréEs, et dernièrement la hausse du prix du gasoil. Dans l’Aisne, j’ai eu des discussions sur les Gilets jaunes et, dans les Alpes, autour du climat. Il faut être « tout-terrain » !
Les maires sont très en colère face au recul des services publics. Et quand on parle politique, ils disent leur dégoût des grands partis politiques, de droite ou de gauche. Certains ne veulent plus « être mêlés à tout ça » et donc ne veulent donner leur parrainage à personne. Quelques-uns, au contraire, accordent de la crédibilité à Philippe Poutou car il ne fait pas partie du « personnel politique ». Je pense qu’il est nécessaire de les écouter, on peut discuter politique mais notre objectif n’est pas de les convaincre de notre programme. On peut bien sûr exposer nos idées. Il faut les convaincre de l’enjeu démocratique. Pour nous, obtenir les 500 parrainages, c’est notre premier tour de la présidentielle. Un long tour car souvent, il faut retourner plusieurs fois rencontrer les mêmes maires, avant d’obtenir leur parrainage !