La réaction a été vive vendredi 20 décembre dans les AG de cheminotEs suite aux annonces d’Édouard Philippe la veille. Le gouvernement se la joue, comme disait Juppé en 1995, « droit dans ses bottes » tandis que les directions syndicales fléchissent, soit en appelant carrément à la reprise du travail comme l’UNSA, soit en renvoyant à la date lointaine du 9 janvier.
Très rapidement, beaucoup de syndicats locaux se sont désolidarisés des appels à la reprise, reflétant la pression de leur base. Les grévistes l’ont affirmé dans toutes les AG, parfois par des motions proposées par les comités de grève et adoptées largement comme à Austerlitz, gare de l’Est, gare Saint-lazare, Tours ou Lille : la grève appartient aux grévistes et pas aux dirigeants syndicaux. Et la grève dit : « Pas de retrait, pas de trêve ! »
La grève tient bon
En ce début de semaine, le slogan est devenu une réalité : la grève tient bon pendant les fêtes de fin d’année ! Transilien a informé qu’il n’y aurait aucun train de banlieue dès 18 h le 24 décembre. À peine plus d’un TGV sur deux ont roulé le week-end de grands départs, moins de deux sur cinq les 23 et 24 décembre. Djebbari, le ministre des Transports qui avait promis aux usagersE que tous les billets achetés seraient honorés, en est pour ses frais.
Sur les piquets, on rappelle le pronostic d’un conseiller de Macron avant le début du conflit : « Une semaine ça va. La deuxième ça va se tendre. Au-delà, on ne tiendra pas. » On en est là. Et de fait, du côté des chefs et cadres qui remplacent les grévistes, ça craque un peu partout... Ils sont au bout de leur vie et leurs congés approchent. Il leur a été demandé de les reporter, mais certains ont refusé. Les guichets sont saturés. Le matériel n’est pas bon et sort des ateliers avec de nombreux défauts. Le plan de transport est fait avec des rames qui font des allers-retours sans passer à la maintenance.
Construire une coordination
Toute la com’ du gouvernement et de la direction de la SNCF n’y peut rien : quand les cheminotEs font grève, les trains ne roulent pas. Alors on bricole des alternatives, comme ce décret gouvernemental signé le 17 décembre qui autorise une dérogation aux règles de temps de travail dans le transport routier de voyageurs. Et hop ! Par une signature du Premier ministre, tout un secteur voit son temps de travail journalier augmenter (la preuve que ce serait facile à faire dans l’autre sens !), au mépris de la sécurité. Mais ni Macron ni les cars du même nom ne briseront la grève ! Au contraire.
Si la date du 9 janvier est dénoncée comme lointaine dans les AG, cela n’a pas créé de réactions de démoralisation mais plutôt attiré l’attention des grévistes sur le fait que les directions syndicales sont capables de prendre des décisions qui nuisent au mouvement sans les consulter. Une expérience qui renforce l’idée qu’une coordination est nécessaire, afin que les grévistes, syndiqués et non syndiqués, dirigent leur lutte de la base au sommet. En région parisienne, une rencontre RATP/SNCF a réuni presque 100 grévistes vendredi dernier de différents dépôts et gares. Un premier pas à renforcer dans la semaine qui vient pour construire une véritable coordination.
Correspondants SNCF