Tribunes de militaires, manifs de flics… ces dernières semaines ont été marquées par une offensive des forces de répression contre les libertés publiques. L’extrême droite applaudit, le gouvernement s’aligne : un processus dangereux susceptible de mener à un autoritarisme extrême.
Le 21 avril, une « tribune de généraux » (en retraite), publiée par le torchon d’extrême droite Valeurs actuelles, menaçait d’une intervention de l’armée dans la vie politique : « Si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national ». Deux semaines plus tard, une nouvelle tribune, signée par des militaires d’active, réitérait la menace : « La guerre civile couve en France. Si elle éclate, l’armée maintiendra l’ordre, parce qu’on le lui demandera ».
Des menaces de plus en plus fortes
Mercredi 19 mai, ce sont des milliers de policiers qui ont manifesté lors d'un rassemblement « en soutien aux forces de l’ordre », à l’appel en particulier du syndicat Alliance, proche du Rassemblement national de Marine Le Pen. On y a entendu des slogans comme « Le problème de la police, c'est la justice ! », et les manifestants ont défilé vers l’Assemblée nationale, ciblant directement le pouvoir législatif. L’extrême droite droite applaudit, qui demande aux policiers et à l’armée de la rejoindre, tandis que le pouvoir s’aligne.
En temps de crise économique et sanitaire, un pays comme la France est de plus en plus difficile à gouverner, face à la colère et à la révolte de la population contre les injustices que nous subissons. Cela a été le cas avec le mouvement des Gilets jaunes, la mobilisation pour les retraites, mais aussi quand des jeunes refusent le couvre-feu ou les mesures liberticides.
C’est la raison pour laquelle les classes dominantes et les dirigeants politiques à leur service envisagent de décupler le niveau de répression et de réduire drastiquement les libertés.
Le soutien du pouvoir... et d’une certaine « gauche »
Participant à cette surenchère répressive, Darmanin est allé à la manifestation des policiers : dans la foulée, le gouvernement a fait voter la suppression des « rappels à la loi » et étendu à 30 ans la période de sûreté pour les personnes condamnées à perpétuité pour un crime contre un policier ou un gendarme. Et Darmanin, quelques jours plus tard, annonçait porter plainte contre Audrey Pulvar, tête de liste du PS en Ile-de-France, pour avoir « osé » critiquer la manifestation des policiers… Face au tollé suscité par une telle confusion des genres, il s’est depuis rétracté.
Une partie de la « gauche », Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, ou Yannick Jadot d’EÉLV, se sont aussi rendus à cette manifestation... au côté du n°2 du RN Jordan Bardella, de Philippe de Villiers ou encore d’Éric Zemmour. Tous se rangent donc en soutien aux forces de répression qui menacent les libertés démocratiques. Cette « gauche » a-t-elle oublié que la police et l’armée ne sont pas du côté des classes populaires, que les violences policières se multiplient, ou que l’absence de poursuites suite aux plaintes pour racisme ou violences faites aux femmes est la norme ?
Organisons la riposte !
Pour notre part, nous pensons que la population organisée est mieux placée que la police pour s’occuper de nos vies. Résoudre les problèmes de trafics et des violences qui y sont liées passe d’abord par la dépénalisation des drogues. Il faut aussi répondre à la crise sociale en partageant le temps de travail et en donnant un emploi à touTEs, ce qui permettrait de vivre mieux.
Nous serons présents à Paris le samedi 5 juin pour manifester à l’issue du procès des assassins de Clément Méric, mort à 18 ans sous les coups de militants d’extrême droite. Nous appelons à manifester partout le samedi 12 juin contre les idées d’extrême droite et les lois liberticides, à l’appel de dizaines de syndicats, associations, collectifs, médias et organisations politiques. Le samedi 19 juin, au côté de la CGT TUI, nous serons dans la rue contre les licenciements et les suppressions de postes, contre la réforme de l’assurance chômage. Enfin, nous appelons à construire la mobilisation contre le congrès du RN qui aura lieu les 3 et 4 juillet à Perpignan. L’extrême droite et ses idées nauséabondes, dont une partie sont reprises aujourd’hui par le pouvoir, ne doivent pas passer !