Publié le Mardi 23 juin 2009 à 19h44.

Tout ça pour ça

Tel était bien le sentiment de la grande majorité des congressistes, députés et sénateurs, convoqués à Versailles pour entendre la parole présidentielle, lundi 22 juin. A l’exception, évidemment, d’une poignée de ministres – ou d’aspirants ministres… – peu avares de louanges quant à la force et à la profondeur (!) du discours de Sarkozy. Au-delà de la relative banalité du propos, ce cirque institutionnel est tout de même révélateur de l’évolution du système politique français.

Le caractère royal et monarchique du régime n’a certes pas commencé avec l’accession au trône de Nicolas Sarkozy : il est inscrit dans les gènes de la Ve République, dont la clé de voûte institutionnelle est bien l’élection au suffrage universel d’un président aux pouvoirs exorbitants et n’ayant de comptes à rendre à personne.

La fameuse « omniprésidence » de Sarkozy n’a fait que rajouter à un tableau déjà fort peu démocratique les caractéristiques obsessionnelles et assez vulgaires habituelles chez les parvenus. Il aura quand même fallu une révision de la Constitution pour que le caprice princier puisse être satisfait ! C’est dire l’urgence de la chose…

Finalement, dans la cérémonie de Versailles, l’important n’est pas tant la teneur du discours présidentiel, que l’obligation faite aux « représentants du peuple » de venir, par leur présence, manifester leur allégeance.

Accessoirement, cette mascarade a un coût: la fourchette basse de l’évaluation le situe entre 400000 et 600000 euros. La prestation présidentielle ayant duré moins de 50 minutes, cela fait quand même la minute de Sarkozy à près de 10000 euros !

En choisissant, de manière finalement très respectueuse, d’assister au discours et de s’esquiver lors du simili-débat qui a suivi, le Parti socialiste a – comme d’ailleurs François Bayrou…– cru bon d’ajouter au ridicule de la situation le grotesque de son propre comportement. Triste spectacle, qui n’est pas de nature à réconcilier le monde du travail et les couches populaires avec la politique institutionnelle. Mais faut-il vraiment s’en désoler ?