Le Pacte budgétaire qui doit être voté par le Parlement français en octobre, rend l’austérité obligatoire et permanente à l’échelle européenne. Le 30 septembre sera l’occasion de dénoncer ce traité dans la rue.Entretien avec Thomas Coutrot, co-président d’Attac France, qui participe à l’organisation de ces journées d’action.Comment s’est créé le collectif pour un audit citoyen de la dette, et quels sont ces objectifs ?À la rentrée 2011 s’est constitué en France le collectif national pour un audit citoyen de la dette publique, avec un appel constitutif signé par plus de 60 000 personnes, et au plan national une vingtaine d’associations et de syndicats membres, soutenu par des partis et des organisations politiques.Son objectif est de déconstruire avec les citoyens le discours dominant et mensonger qui attribue la dette à des dépenses publiques et sociales inconsidérées et prône l’austérité comme seul remède. Il est également de progresser dans la réflexion sur les alternatives indispensables pour faire face à la crise sociale et écologique. Un des objectifs essentiels du collectif national était d’aider la mobilisation contre l’austérité à l’échelle nationale et d’encourager la constitution de collectifs locaux. À ce jour, plus de 110 collectifs locaux pour un audit citoyen de la dette publique sont en activité, souvent organisés au plan départemental, avec pour nombre d’entre eux des ramifications dans diverses localités. Ils ont tous un caractère largement unitaire, ont produit du matériel local, ont tenu des réunions publiques et constituent les forces vives de la mobilisation.
Pourquoi Attac est-elle partie prenante de la campagne unitaire contre le TSCG ?Pour nous, l’enjeu du débat sur le TSCG-Pacte budgétaire est encore et toujours de lever la chape de plomb du mensonge et du chantage exercés par les dirigeants européens pour imposer les politiques d’austérité en Europe et en France. L’enjeu est véritablement historique car sous prétexte de « sauver l’euro », ces dirigeants ont entrepris un vaste ajustement structurel européen qui vise à démanteler l’État social en Europe pour rétablir les positions concurrentielles du capitalisme européen dans la mondialisation. Pour ce faire ils sont prêts aux pires régressions, y compris sur le plan démocratique. Pour Attac, il est vital de construire un front large de résistance et de propositions alternatives, où associations, syndicats et partis politiques montrent leur capacité à travailler de façon unitaire, sur un pied d’égalité, en conservant chacun son autonomie. L’unité la plus large est aujourd’hui indispensable pour lever l’obstacle de la résignation ou de la peur.
Comment s’organise la mobilisation, la manifestation unitaire du 30 septembre, et quelles sont les suites ?Depuis quelques jours des dizaines de réunions s’organisent dans toute la France, nous ne parvenons d’ailleurs pas à satisfaire toutes les demandes d’orateurs et d’oratrices. La manifestation du 30 septembre est véritablement organisée de façon collective et partenariale. Chaque jour de nouveaux appels à manifester arrivent de la part de structures syndicales ou associatives. Le vote du Parlement interviendra dans la première quinzaine d ‘octobre, et l’enjeu est pour nous de délégitimer ce vote aux yeux de l’opinion publique. Mais il s’agit surtout de préparer la suite : le vote du budget, fin octobre, et la construction d’un mouvement social européen à partir de la réunion des mouvements sociaux à Florence mi-novembre. Nous proposons en particulier la mise en place d’un tribunal européen de la dette et de l’austérité pour construire du commun entre les résistances sociales qui émergent partout en Europe.1. Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance.Propos recueillis par Sandra Demarcq