L’UMP, où la guerre des chefs fait rage, n’est pas la mieux placée pour profiter de la crise gouvernementale.
Le 20 août dernier, Juppé créait la surprise en se déclarant candidat à la candidature pour l’élection présidentielle de 2017, et ce « quoi qu’il arrive, bien sûr », c’est-à-dire y compris contre Sarkozy si celui-ci se présentait. Une façon de rendre incontournables des primaires à droite. Une semaine plus tard, Fillon confirmait sa propre candidature. Les deux rivaux affichent un profil différent. Juppé se veut le rassembleur de la droite et du centre et il a d’ailleurs reçu les encouragements de Bayrou. Fillon se veut le candidat de la « rupture ». Rupture avec le gouvernement Hollande, mais rupture aussi avec la politique mise en œuvre par Sarkozy, accusé de n’avoir pas mené jusqu’au bout les « réformes » nécessaires selon lui. Il prend pour modèles Thatcher et Reagan, prône la fin des 35 heures et de l’impôt sur les grandes fortunes, la retraite à 65 ans et 100 milliards d’euros de réduction des dépenses publiques, le double des 50 milliards de Hollande... Mais une même haine de Sarkozy les rapproche et c’est pour contrer sa candidature probable qu’ils se sont déclarés en cette fin août, alors que Sarkozy avait laissé entendre qu’il annoncerait sa propre décision fin août-début septembre.
Tout sauf Sarko ?Le plan de Sarkozy ? Imposer sa candidature à la présidentielle, en prenant d’abord la présidence de l’UMP dont l’élection doit se faire lors du prochain congrès du parti le 29 novembre ou début décembre en cas de second tour. Y sont d’ores et déjà candidats Hervé Mariton et l’ancien ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, qui fait campagne sur le thème de la « révolution démocratique » et le « renouveau » contre le passé qu’incarnerait Sarkozy. Celui-ci pourrait se croire assuré de l’emporter tant sa popularité est encore grande parmi les militants de l’UMP, mais c’est sans compter sur le fait que Le Maire pourrait réunir les votes de tous ceux qui lui sont hostiles. Et rien ne dit que Sarkozy, après sa mise en examen dans le cadre de l’affaire des écoutes, sa garde à vue début juillet et les dernières révélations dans l’affaire Bygmalion, puisse rebondir et se juge capable de le faire. Toujours est-il que la crise gouvernementale et les luttes internes au PS auront bouleversé son agenda et l’auront contraint à retarder sa rentrée politique si toutefois rentrée il y a. Mais c’est aussi l’ensemble de l’UMP qui est percuté par la crise politique. Alors que le Front national demande la dissolution de l’Assemblée nationale et postule au gouvernement, fût-il de cohabitation, l’UMP, qui a d’abord salué le deuxième gouvernement Valls, a ensuite mis en doute ses capacités à disposer d’une majorité pour mettre en œuvre la politique annoncée. Et de demander un vote de confiance. Quant à la dissolution de l’Assemblée nationale au cas où le gouvernement n’y obtiendrait pas la majorité, les avis divergent. Fillon y est favorable tout en refusant un gouvernement de cohabitation tandis que Juppé dit ne pas la souhaiter. Comme le dit Woerth, « Nous avons besoin de consolidation, de rassemblement, de souffle et surtout, d’un chef. Nous ne sommes pas encore en ordre de bataille. Pour nous, c’est trop tôt »...
Galia Trépère