Publié le Vendredi 17 octobre 2014 à 08h00.

UMP : guerre des chefs et course à droite

La mise en scène de son retour par Sarkozy lui-même a quelque chose de grandguignolesque. Sa campagne pour la présidence de l’UMP prend un tour ridicule, comme s’il faisait campagne pour une élection présidentielle qui n’a pas lieu, tandis que la chronique des affaires jalonne son parcours. Au point que Juppé est maintenant donné favori pour la primaire de 2016. Mais les trois principaux protagonistes n’ont pas seulement les mêmes complets-vestons, ils ont aussi la même politique, à droite toute.

Le « projet pour la France » de Sarkozy, « projet d’alternance » de Juppé ou le programme économique pour « redresser nos finances publiques et libérer la croissance » de Fillon sont la même bouillie de pensée unique, de surenchère libérale qui constitue leur fonds de commerce.Fillon annonce 600 000 suppressions de postes de fonctionnaires, et Sarkozy veut en finir avec le  « fonctionnaire à vie », en proposant d’instaurer des CDD de cinq ans dans la fonction publique : seuls les policiers, juges ou enseignants y échapperaient...Pour la lutte contre les déficits, Juppé se fixe un objectif de 100 milliards d’économies sur cinq ans, Fillon mise 10 milliards de plus, et Sarkozy propose d’inscrire dans la Constitution l’interdiction pour tout gouvernement à venir de « consacrer plus de 50 % du PIB à la dépense publique ». Fillon et Juppé proposent de passer l’âge de départ à la retraite à 65 ans, Sarkozy est plus prudent... mais « si l’espérance de vie continue à augmenter, il faudra sans doute aller plus loin et passer à 63 ans rapidement ». Les 35 heures font consensus : il faut « sortir du carcan des 35 heures », dit Juppé. Fillon veut « faire sauter le verrou des 35 heures par le biais d’accords d’entreprises » et passer à 39 heures hebdomadaires dans la fonction publique.Sarkozy veut que « le Parlement définisse un nouveau code du travail concentré sur les seuls droits fondamentaux des salariés : droit syndical, protection contre le licenciement, droit à la santé… Tout le reste serait renvoyé à la négociation ». Ses rivaux lui emboîtent le pas. Sur les licenciements économiques, Fillon fait l’unanimité en proposant de « faciliter l’adaptation des entreprises à leur contexte en introduisant le motif de réorganisation de l’entreprise dans les procédures de licenciement collectif, tout en renforçant la flexisécurité. » De même pour les seuils sociaux qu’ils veulent reculer de 10 à 50 et de 50 à 100 salariés.

Un même adversaire, « le coût du travail »«  Il faudra conduire une politique ambitieuse de réduction des charges pesant sur le travail », dixit Sarkozy. Fillon remet en cause le Smic et veut « alléger fortement les taxes et impôts pesant sur les entreprises et sur l’investissement » (supprimer les taxes et cotisations diverses pesant sur les entreprises, l’impôt sur la fortune, la taxe de 75 %…). Ces multiples cadeaux aux patrons et aux riches seraient financés par une hausse de TVA.Sarkozy veut réformer le RSA et mettre en place un référendum sur l’attribution des allocations. « La question pourrait être posée ainsi : est-ce que toute allocation doit avoir comme contrepartie une activité ? ». Fillon le rejoint en proposant que les bénéficiaires du RSA effectuent des travaux d’intérêt général, aussi d’accord sur la dégressivité des allocations chômage... Et tous remettent en cause l’Aide médicale d’État (AME).Bien entendu, le couplet contre les enseignants dont « il faut augmenter le nombre d’heures de présence dans les établissements, […] augmenter leur rémunération et en parallèle diminuer leur nombre » fait consensus.Ce trio ne propose que d’accentuer les attaques menées par le PS, sans « tabou » comme dirait Macron... Rien de bien neuf, avec en prime la démagogie xénophobe et anti-immigrée pour tenter d’attirer l’électorat du FN.

Yvan Lemaitre