Publié le Lundi 2 mai 2022 à 18h00.

Un 1er Mai en demi-teinte

Avec une journée internationale de lutte des travailleurs/euses qui tombait un dimanche et, en France, au milieu des vacances scolaires de deux zones (académies de Paris, Créteil, Versailles, Montpellier et Toulouse) et dans la foulée du sinistre 2e tour de l’élection présidentielle, il était difficile de prévoir l’ampleur de la participation aux manifestations de ce 1er Mai 2022.

Pas un raz-de-marée

À l’égard de cette situation, les chiffres annoncés tant par le pouvoir (116 500 nationalement pour 280 rassemblements, dont 24 000 à Paris) que par la CGT (210 000 nationalement dont 50 000 à Paris), en substantielle augmentation par rapport à 2021(106 650 manifestants en France, dont 17 000 dans la capitale pour le ministère de l’Intérieur et 70 000 manifestants, dont 25 000 à Paris pour la CGT) sont plutôt une relative bonne surprise.

Selon la tradition les plus grosses manifestations ont eu lieu à Marseille, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes (autour de 5 000 manifestantEs en fonction des sources). Et 2500 à Vienne, à Lille, 2000 à Rennes.

De beaux cortèges ont eu lieu, autour de 1500 manifestantEs à Strasbourg, Besançon, Dijon, Clermont-Ferrand, Limoges, Bayonne, Tours, Caen, Rouen (manifestation ouverte par les travailleurs/ses sans-papierEs licenciéEs d’une boîte sous-traitante d’Amazon), Brest. Plus de 1 000 à Pau. Et des centaines à Metz, Valence, Aix, Tarbes, Auch, Montauban, Dax, Quimper, Poitiers, Amiens, Cherbourg, Nice. Et des dizaines de rassemblements dans de nombreuses autres villes.

De nombreux débats

Les organisations syndicales, malgré une préparation modeste, représentaient le plus souvent la moitié des cortèges avec une forte présence CGT et une participation significative des organisations de jeunesse. Pour les organisations politiques, il y a eu une faible présence globalement avec les classiques PCF, JC, FI, LO, EELV, et ATTAC, les organisations de soutien au peuple palestinien et des groupes antifascistes. Dans plusieurs villes, des individus ou des petits groupes d’extrême-droite ont tenté provocation et immixtion dans les cortèges. Les nombreux cortèges du NPA étaient souvent élargis par rapport aux éditions précédentes avec la présence significative de contacts réalisés lors de la campagne présidentielle.

Si la réforme des retraites était le plus fréquemment évoquée dans les banderoles, pancartes et mots d’ordre, les rassemblements ont aussi été des lieux de discussions tant autour du bilan de l’élection présidentielle que de la préparation des législatives. Le rejet de Macron était évidemment largement partagé avec un mélange d’inquiétudes, d’interrogations sur la capacité du mouvement social à s’opposer à sa politique. Des envies d’unité mais aussi de défiance vis-à-vis des organisations politiques.

Et dans le monde…

Au moins 10 000 manifestantEs à Madrid et d’autres rassemblements dans l’État espagnol, avec des revendications sur les salaires, la hausse du coût de la vie, du prix des logements avec une banderole « 1er mai. La solution : augmenter les salaires, contenir les prix et élargir l’égalité. »

Il y avait les mêmes revendications à Athènes où les organisations syndicales revendiquent un salaire minimum de 825 euros (713 euros aujourd’hui).

En Italie, un rassemblement a eu lieu à Assise (centre) autour du thème « au travail pour la paix » dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Nous devons absolument œuvrer à mettre fin à cette guerre absurde, voulue par Poutine », a déclaré le leader du syndicat CGIL, Maurizio Landini, devant plusieurs centaines de militantEs.

Plusieurs milliers de personnes ont aussi défilé à Londres, à l’appel de syndicats et d’organisations environnementales ou sociétales, comme Black Lives Matter.

Au Sri Lanka, l’opposition a demandé à l’unisson la démission du président Gotabaya Rajapaksa. « Go home Gota », ont scandé des dizaines de milliers de militants à Colombo.

Le président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a quitté les célébrations après que des mineurs en colère ont envahi la scène sur laquelle il devait s’exprimer au stade Royal Bafokeng de Rustenberg (nord). Les protestataires, qui scandaient « Cyril doit partir », exigeaient une augmentation des salaires.

À Istanbul, plusieurs milliers de personnes ont rejoint la manifestation officielle des syndicats et organisations professionnelles, autorisée à distance de la place Taksim bouclée aux alentours de pour empêcher les protestataires de rejoindre la place, multipliant les interventions et embarquements musclés, selon les reporters de l’AFP. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.