Lorsqu’une personnalité décède, il est malvenu d’en dire du mal. Soit. Mais, cette solide tradition justifie-t-elle la masse des louanges qui vient de s’abattre sur Philippe Séguin ? Passons sur les références forcées – et passablement hypocrites – du personnel politique de droite à « l’homme de convictions » et au « gaulliste social ». Mais fallait-il vraiment que la gauche, de Martine Aubry à la rédaction de l’Humanité, communie dans l’hommage au « grand serviteur de l’État » ? N’oublions pas qu’avant d’animer la campagne pour le non (de droite) au traité de Maastricht, Philippe Séguin avait été ministre du Travail lors du premier gouvernement de cohabitation, en 1986. Sa première mesure emblématique a été la suppression de l’autorisation administrative de licenciement. On attend toujours les créations d’emplois promises par le patronat en échange. Viennent ensuite les premiers projets de travail de nuit pour les femmes, d’annualisation du temps de travail, de dérogations au code du travail par accord d’entreprise ; puis la limitation des remboursements pour longue maladie, mesure frappant principalement les personnes âgées. L’État que servait Philippe Séguin n’était décidément pas au service des couches populaires…