C’est dans un contexte encore très marqué par la gestion capitaliste de la crise et par des conditions de travail et de vie de plus en plus difficiles que des salariéEs de la fac de Jussieu se sont dresséEs contre la toute-puissance du patronat.
En grève depuis la rentrée universitaire, les employéEs du sous-traitant du nettoyage Arc-en-ciel ont gagné le bras de fer avec la direction. Le numéro 10 du nettoyage, qui a presque doublé son chiffre d’affaires en 2020, est le promoteur d’une politique du travail indécente désormais devenue insoutenable. Et il ne s’agit certainement pas d’une exception. Cette surenchère est représentative de ce qui se passe dans de nombreuses entreprises qui, ont profité des subventions publiques pour augmenter sans cesse leurs taux de marge depuis 2019. Mais quand on tire trop sur la corde… elle se casse. Ces premièrEs de corvée, devenuEs conscientEs de leur rôle indispensable, gagnent pratiquement sur toute la ligne : suppression de la clause mobilité, paiement des heures supplémentaires, droits syndicaux, interdiction des licenciements…
L’unité et la persistance dans la grève a fini par payer et a obligé le patron à faire plusieurs pas en arrière.
Une petite percée de lumière
Cela contribue à redonner confiance dans un moment où l’offensive patronale s’intensifie, accompagnée par l’envolée de l’inflation, l’augmentation des prix des biens de première nécessité (notamment l’énergie et les aliments) et les attaques répétées contre les acquis sociaux.
Dernier avatar du macronisme, la réforme du chômage se présente comme la pièce maîtresse d’une machine à détruire le droit du travail. La baisse des allocations, d’une grande violence sociale dans un moment de grande instabilité économique, va de pair avec la baisse des salaires (liée à la perte du pouvoir d’achat) et ouvre la voie aux stratégies de chantage patronal. Macron espère faire pression sur le camp des travailleurs et des travailleuses, les réduire au silence par les processus d’individualisation, dévalorisation et précarisation déjà en marche depuis des décennies. Cette situation est peut-être aussi à l’origine de la pénurie, quelque part paradoxale, de la main-d’œuvre qui semble s’annoncer à une échelle internationale.
Les travailleurs et les travailleuses sont confrontéEs à des contrats et à des conditions difficiles à accepter, ce qui pourrait déclencher de nouvelles confrontations.
Pour l’instant il s’agit de cas isolés que l’on espère voir se multiplier et converger vers des revendications communes mêlant indignation et détermination.
Pour une mobilisation de masse
La date du 5 octobre devient alors une occasion pour réunir les forces et structurer la contestation du monde du travail. En souhaitant répéter le succès du 5 décembre 2019, la CGT, FO, la FSU et Solidaires ainsi que les organisations de la jeunesse appellent à l’action.
Pour nous, l’enjeu est de mobiliser la jeunesse et l’ensemble des salariéEs du secteur privé et du public, revendiquer une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail et d’études. La crise constitue une occasion pour lancer une énième attaque contre les droits des salariés. Il faut donc faire perdurer la tension et faire comprendre au pouvoir que nous ne resterons pas sans réagir face à ses offensives.
La façon dont nous avançons progressivement en construisant nos tunnels et nos galeries souterraines correspond à une volonté de percer le moment venu pour amplifier et radicaliser les luttes.
C’est également dans cette optique que nous avons décidé d’occuper l’arène de la confrontation électorale. Nous nous invitons ainsi dans une campagne qui est conçue pour nous exclure et nous marginaliser.
Nous rassemblons toutes nos forces pour arracher un espace de parole et de visibilité qui, au-delà d’offrir une tribune, constitue aussi et avant tout un moyen pour modifier le rapport de forces en faveur de notre classe et dynamiser le champ des luttes sociales. Cela se produit dans des conditions de débat détériorées où le discours politique est empoisonné par la lourde présence médiatique de l’extrême droite qui gangrène la société.
On sera là pour refuser radicalement sa banalisation, pour sonner l’alarme face au tournant autoritaire. On sera là pour proposer des solutions capables de répondre à l’urgence sociale, écologique et démocratique ; pour que la production, planifiée et mise sous le contrôle des travailleurs et des travailleuses, réponde à des besoins fondamentaux et non pas à une course scélérate vers l’accumulation du profit.
On sera là pour défendre le partage du travail entre toutes et tous et contribuer à la construction d’un projet d’émancipation. Celui-ci ne pourra que partir de « ceux et celles d’en bas », de leurs capacités d’invention politique, de leur volonté de prendre leurs affaires en main et de ne pas se rendre à la fausse inéluctabilité d’une vie servile.
On sera là pour déclarer et montrer la possibilité d’un monde au-delà du capitalisme.