Publié le Mercredi 3 septembre 2014 à 09h37.

Valls force l’allure

Plus vite, plus fort... dans la démolition sociale. Celui qui s’inquiétait en juillet de la possible mort de la gauche s’emploie à temps plein à en créer les conditions. Après les limogeages pour cause de critiques pourtant bien timides et tardives de la politique économique du gouvernement et la nomination du banquier Macron pour amplifier son orientation libérale, après l’annonce de l’utilisation des ordonnances pour imposer plus de travail le dimanche et le projet de remise en cause des seuils sociaux, c’est la loi Alur (Accès au logement et un urbanisme rénové) qui est jetée aux orties. Pourtant la loi Duflot censée mettre en œuvre une promesse de campagne du candidat Hollande ne bouleversait pas la situation du logement. Elle ne contraignait pas réellement les profiteurs. Elle n’imposait pas le recours à la réquisition des logements vides, comme le réclament les associations de mal-logés et de sans logis. Mais les mesures symboliques qu’elle contenait – dont l’encadrement des loyers dans moins de trente agglomérations sur la base d’un mécanisme qui n’empêche pas les augmentations – demeurent encore insupportable pour les riches propriétaires, les promoteurs et les agents immobiliers qui ont mené campagne contre cette loi, avec un certain succès donc.En fidèle serviteur des intérêts des nantis, savourant une petite vengeance contre Duflot qui avait fait de sa nomination à Matignon le motif de son départ du gouvernement, Valls s’est donc empressé, sous prétexte de relance du bâtiment, d’adopter des mesures favorables à ces catégories. Hormis pour Paris, et encore à titre expérimental et pour les villes volontaires – en particulier pour ne pas affronter Martine Aubry à Lille –, l’encadrement s’évapore. En revanche, les allègements fiscaux pour les hauts revenus achetant un logement pour leurs enfants et les baisses d’impôts sur les plus values foncières vont permettre d’augmenter les patrimoines et favoriser la spéculation. Rien dans ces dispositions n’empêchera la flambée des prix de l’immobilier qui enrichit les spéculateurs et rejette les classes populaires en dehors des grandes villes, aggravant les inégalités sociales et dégradant les conditions de vie. Une raison de plus de combattre la politique de ce gouvernement.

Côme Pierron