Ce mardi 7 mars, les fédérations de la santé et de l’action sociale appellent à la grève les salariés des hôpitaux, des cliniques privées et de l’action sociale. Des rassemblements et manifestations auront lieu dans les villes, ainsi qu’une manifestation nationale à Paris...
Pour les trois fédérations syndicales de la santé et de l’action sociale CGT SUD et FO, cette journée se veut la suite de la journée réussie du 8 novembre dernier. Dans de nombreuses villes, les personnels avaient fait grève, rejoints souvent par les étudiants infirmiers. Les manifestations avaient réuni – comme à Toulouse, Tours, Angers, Bordeaux ou Marseille – des centaines de participantEs combatifs.
Des revendications convergentes...
L’impact du 8 novembre et plus généralement des luttes qui n’ont pas cessé dans les hôpitaux et les cliniques privées s’est fait sentir dans la campagne présidentielle. Aujourd’hui, les candidatEs, même les plus déterminés à tailler dans les effectifs de la fonction publique et à s’attaquer à la Sécurité sociale... font une exception pour les hôpitaux. Fillon lui-même (Monsieur 500 000 postes en moins...) a dû reculer (en paroles), promettant de ne pas toucher aux effectifs soignants !
Dans la « trêve électorale » appliquée de fait par les confédérations syndicales, cette date du 7 mars est donc apparue comme une échéance possible pour d’autres secteurs, eux aussi soumis à l’austérité et aux démantèlement des services publics. Les fédérations des organismes sociaux (principalement la Sécurité sociale) appellent à la grève et, selon nos correspondantEs, le mouvement pourrait y être assez suivi. Les fédérations et syndicats de fonctionnaires (État, territoriaux) CGT, FO et Solidaires, ont également lancé des appels à la mobilisation et à se joindre aux cortèges.
Dans une campagne électorale où la question de la protection sociale et des coupes dans les effectifs des services publics sont à l’ordre du jour, cette journée du 7 mars est donc l’occasion de se faire entendre.
Dans la santé et l’action sociale, les salariéEs peuvent dire leur refus, pour aujourd’hui et pour demain, des bas salaires, de la précarité, de la non-reconnaissance de leurs métiers, du manque de personnel, des conditions de travail insupportables. Ce sont les conséquences des politiques d’austérité imposées par le pacte de responsabilité, les projets de lois de financement de la Sécurité sociale, les lois Bachelot et Touraine.
Celles et ceux qui se mobiliseront, avec eux, à la Sécu et dans les fonctions publiques d’État et territoriale, pourront exprimer leurs revendications convergentes.
… mais des choix syndicaux contestables
Il y a donc toutes les raisons de s’engager pour assurer le succès de cette journée. Pourtant, les militantEs sur le terrain rencontrent de réelles difficultés à mobiliser hors des réseaux militants. La stratégie et les choix des fédérations syndicales y ont contribué.
Ainsi après le 8 novembre, il était possible dans la santé de franchir une nouvelle étape pour faire converger les luttes, qui se sont poursuivies, nombreuses, dans les hôpitaux mais aussi les cliniques (Cf. la lutte victorieuse de la Clinique de l’Ormeau à Tarbes). Pour cela, il aurait fallu définir un calendrier de mobilisations régulières, pour rythmer le mouvement, tenter d’associer par l’auto-organisation les secteurs réticents vis-à-vis des syndicats, et proposer la perspective d’une manifestation nationale à Paris, comme débouché début 2017.
Au lieu de cela, l’intersyndicale a fixé la « montée à Paris » quatre mois plus tard (!), sans aucune proposition intermédiaire crédible, laissant les équipes syndicales sur le terrain se raccrocher, comme elle le pouvaient, en ordre dispersé, à des échéances hasardeuses.
Des limites à dépasser
Aussi, le résultat se fait aujourd’hui sentir : le 7 mars, avec sa manifestation à Paris, apparaît difficilement comme inscrit dans une perspective de coordination des luttes. Et une bonne partie des syndicats (en particulier à la CGT) ont préféré se rabattre sur des rassemblements locaux. À l’opposé, FO santé et certains secteurs de la CGT ont donné une version caricaturale de la « montée à Paris », inscrivant leurs militants dans les cars sur des heures de délégation, hors de toute mobilisation réelle dans les établissements. La fédération SUD, tout en acceptant le calendrier peu mobilisateur de l’intersyndicale, s’est efforcée de préserver le sens d’une manifestation nationale ancrée dans les revendications et les luttes.
Quant à l’élargissement à d’autres secteurs, il semble rester modeste et aura du mal à faire sortir ce 7 mars du cadre trop habituel d’une simple « journée d’action ». Et malgré l’unité de sommet, la division syndicale à la base ne favorise pas non plus la mobilisation.
Des obstacles qu’il faut pourtant s’efforcer de lever, car l’enjeu est important.
J.C. Delavigne (avec nos correspondantEs)