Publié le Vendredi 5 décembre 2014 à 07h55.

Accès aux soins : ça se dégrade...

Une étude récente de l’Observatoire Jalma/IFOP sur les difficultés pour la population d’accéder aux soins montre que 65 % des personnes interrogées constatent une dégradation du système de soins.

Soixante pourcent répondent que l’hôpital public se dégrade et 52 % portent le même diagnostic pour les soins en ville. La première cause avancée concerne les délais d’attente pour 64 % des interrogés. La situation est particulièrement critique pour l’accès aux spécialistes : le délai d’attente est de 51 jours contre 44 en 2011 : 36 jours pour l’ORL, 50 pour un dermato, 57 jours pour un gynéco et 111 jours pour l’ophtalmo ! La deuxième cause est le coût : 46 % des personnes. Pas étonnant quand on sait que la sécu ne rembourse plus que 55 % des soins courants. La troisième cause porte sur l’éloignement géographique et trouve donc ses racines dans la fermeture des établissements de proximité (maternités, centre d’IVG, centres sociaux) et dans les déserts médicaux.

En finir avec le virus de la marchandisationCette étude illustre les dégâts des politiques de santé successives qui visent à privatiser le système de santé et à chercher dans le marché, inépuisable, des profits considérables. Pour mener à bien cet objectif, il faut faire sauter les deux verrous essentiels du système actuel : l’hôpital public et la Sécurité sociale.L’hôpital est malmené par des budgets d’austérité, les restructurations et fermetures d’établissements et de services, fragilisé par son financement à la T2A, véritable poison qui favorise le transfert des soins les plus rentables vers les clinique privées. La Sécurité sociale est attaquée de toutes parts : réduction du périmètre de ses remboursements au bénéfice des assurances privées, cadeaux au patronat qui obtient des réductions de cotisations et qui peut ainsi majorer ses profits sur le dos du salaire socialisé.Pour un système public de santé débarrassé des virus de la rentabilité et de la marchandisation, pour répondre aux besoins de la population et réduire les inégalités, le préalable passe par un remboursement de tous les soins à 100 % sans avance de frais.Un véritable service public de santé pourra alors s’articuler autour d’un seul service public d’hospitalisation intégrant les cliniques privées et les Ehpad ; un réseau, dans les villes et les quartiers, de centres de santé pluridisciplinaires, gratuits, lieux de soins et de prévention avec la participation de collectifs d’habitants et des associations ; une industrie pharmaceutique placée sous contrôle public dans le cadre d’une Sécurité sociale autogérée.

C. Bensimon