Transporteurs de prélèvements, pédopsychiatrie, psychiatrie, traumatologie, brancardiers, maternité : les mobilisations se sont enchaînées depuis plusieurs mois au CHU de Toulouse. Globalement les revendications sont les mêmes : manque de moyens, sous-effectif entraînant des heures supplémentaires, impossibilité de poser ses congés…
Pour beaucoup de ces agents mobilisés ces derniers mois, il s’agissait de la première véritable grève. TouTEs le disent : ils et elles n’ont jamais vu ça. Depuis deux ans la situation s’est très fortement dégradée. En effet Raymond Le Moign, directeur général jusqu’en décembre 2017 et désormais directeur de cabinet de la ministre, a bien fait son travail : réduction de moitié du déficit, à savoir passage de 30 à 15 millions d’euros. Comment ? Il n’y a pas de magie : plus de 150 postes ont été supprimés entre 2014 et 2016, sûrement beaucoup plus depuis, mais la direction ne donne pas les chiffres.
Ainsi, la grande majorité des agents de l’hôpital a vu son quotidien de travail se dégrader avec des conséquences importantes sur sa santé et sur la qualité des soins.
Un cap a été franchi
Ces dernières années, les grèves à l’hôpital se suivaient et avaient tendance à se ressembler : les agents se notaient grévistes, savaient qu’ils et elles allaient être assignés, et venaient donc travailler, qu’ils et elles aient reçu une assignation ou non. Mais à la fin de l’année 2017 les agents grévistes des transports de prélèvements et de pédopsychiatrie ont dit stop. La direction s’est donc retrouvée obligée d’envoyer des huissiers au domicile des agents qui, bien souvent, n’étaient pas là. Ce qui était inimaginable avant est devenu la règle pour touTEs : pas d’assignation conforme remise en main propre avant la grève, pas de travail.
Le retour des piquets de grève
En décembre 2017, pendant quinze jours, les grévistes transporteurs de prélèvements se sont retrouvés tous les jours à 7 heures pour bloquer l’entrée principale de la direction. Ces temps ont été très importants à plusieurs niveaux : pression sur la direction, lieux de décisions et de discussions collectives… Ce piquet de grève quotidien a surtout permis de donner un repère aux agents de l’hôpital, qu’ils et elles soient en grève ou non. En effet, ce piquet a été un point de passage important pour de nombreux agents. La détermination dont ont fait preuve les grévistes était plus forte chaque jour et, surtout, ils et elles déterminaient eux-mêmes leurs modes d’action.
Aller vers les autres au sein et à l’extérieur de l’hôpital
Dans ces mouvements de grève, ce que l’on a pu également construire est la prise de conscience que, seulEs, il était très difficile, voire impossible de gagner sur les revendications. Si cela reste encore très difficile d’avoir plus de deux services en grève en même temps aujourd’hui, la compréhension de cette nécessité est désormais là, ce qui n’était pas le cas auparavant où on assistait souvent à des discours disant qu’il ne fallait pas tout mélanger si on voulait gagner.
De même, les grévistes de l’hôpital se sont systématiquement rendus aux AG étudiantes à l’université du Mirail, ce qui a permis à beaucoup d’entre elles et eux de franchir encore un cap supplémentaire dans la compréhension de la nécessité de se battre touTEs ensemble.
Et maintenant ?
Ce sont aujourd’hui les sages-femmes et auxiliaires de puériculture de la maternité qui sont en grève. L’issue va sans doute être une victoire partielle au vu du rapport de forces important au sein de la maternité. Mais il est évident pour tout le monde que, tant que nous ne serons pas touTEs mobilisés sur les 1 000 postes manquants à l’hôpital, les victoires ne seront que des nouvelles répartitions de la misère entre différents services. Les semaines à venir sont donc importantes, car le climat général a un impact sur le potentiel de mobilisation. Le 24 avril, plus de 100 cheminotEs sont venus pour un pique-nique de la colère commun avec les grévistes du CHU. Les troupes sont motivées, reste maintenant à organiser cette colère sur l’ensemble de l’hôpital !
Correspondante