Publié le Jeudi 7 février 2013 à 12h26.

Edito : Santé quand les drames se répètent...

Un nouveau drame vient de se produire à la naissance d’un enfant. Il met une nouvelle fois en lumière les conséquences du manque de moyens et du fonctionnement d’entreprise imposé à l’hôpital public. Une mère qui devait accoucher à la maternité de Port-Royal, à Paris, a perdu l’enfant qu’elle attendait. Le service débordé et saturé l’avait renvoyé deux fois chez elle. Quand, inquiète, elle est revenue à la maternité, il était trop tard : le fœtus ne vivait plus.On ne saurait invoquer la fatalité ou faire porter la responsabilité au personnel débordé, qui chaque jour essaie de faire fonctionner au mieux les services avec des effectifs insuffisants. La saturation de cette maternité est la conséquence voulue et programmée de l’Agence régionale de santé (fermeture de la maternité de Saint-Antoine à Paris, qui assurait 2 500 naissances par an et de celle de Saint-Vincent-de-Paul…). À Port-Royal même, il a fallu fermer une partie des lits, faute de personnel. Pour rationaliser les coûts et faire des économies, les maternités et services hospitaliers sont regroupés sur quelques sites avec une réduction des effectifs. Ils se trouvent complètement débordés. Les maternités de « niveau 3 » censées accueillir les accouchements les plus complexes et comportant le plus de risques (comme Port-Royal) ne sont plus en état de le faire.Ce qui est en cause une nouvelle fois, c’est le choix politique de l’Hôpital-Entreprise, dans lequel la rentabilité et la productivité du personnel prime sur la qualité et la sécurité des soins. Après les restructurations hospitalières imposées par la loi Bachelot, que ce gouvernement ne remet pas en cause, c’est un nouveau plan de 657 millions d’économies qui est imposé cette année à l’hôpital. Au moment même où se produisait le drame de Port-Royal, l’Agence régional de santé de Basse-Normandie confirmait la fermeture de la maternité de Vire, après celles de Lannemezan, Decize, Marie-Galante et Valréas.Dans la santé, la politique de maîtrise des dépenses et de lutte contre les prétendus « déficits publics » se termine parfois par des vies perdues ou gâchées. La combattre est une urgence vitale.J.C. Delavigne