Les 8 et 9 juin, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) met une nouvelle fois à son ordre du jour la suspension des brevets sur les vaccins et traitements anti-covid. Une demande formulée depuis octobre 2020 par l’Inde et l’Afrique du Sud, soutenue par plus d’une centaine de pays et d’organisations de la société civile.
Cette demande a toujours été rejetée par les représentants des pays capitalistes avancés, qui défendent les brevets et à travers eux les profits scandaleux de leurs trusts pharmaceutiques. Mais aujourd’hui la donne a changé.
« Placer les gens avant le profit »
Grâce aux mobilisations des activistes du monde entier, et notamment des pays dominés, Joe Biden a dû se résoudre à annoncer son soutien à la suspension temporaire des brevets. Le lendemain, Macron a semblé lui emboiter le pas. Mais quelques jours après, lors du sommet européen de Porto, il est revenu sur ce soutien, affirmant que « la clef, c’est le don de doses », et pas les brevets. En visite en Afrique du Sud, il a déclaré que, s’il était favorable à une levée temporaire des brevets, il voulait d’abord « prioriser l’accélération du dispositif Covax » mis en place par l’OMS. La réponse du président sud-africain Ramaphosa a été claire : « Plus nous attendons, plus nous mettons des vies en danger. Les dons sont les bienvenus, mais ils ne seront pas suffisants pour pallier les manques. » « Contre l’apartheid vaccinal », il en appelle à « placer les gens avant le profit ». Ce qui a changé aussi, c’est la certitude qu’avec 3,4 millions de morts, un chiffre largement sous-estimé d’ailleurs, et l’émergence de variants plus agressifs qui donnent une nouvelle dynamique à la pandémie, le pari de relancer la machine économique mondiale en ne vaccinant à prix d’or que les populations des pays riches était un leurre dangereux.
Il faut les forcer à lever les brevets
Le système Covax mis en place par l’OMS et la fondation Bill et Melinda Gates, et défendu par Macron est clairement un échec. Fin juin, il n’aura réussi à livrer que 70 millions de doses… pour 126 pays ! Et il manque encore deux milliards de dollars de dons pour boucler son budget. Sans parler du fait que son principal fournisseur, Serum Institute of India, a cessé depuis fin mars ses exportations pour faire face à une puissante deuxième vague qui a tué jusqu’à 4000 IndienEs en une journée. Les brevets limitent les capacités de production, favorisent les pénuries et donc des prix hors de portée de la plupart des pays. Il faut les forcer à lever les brevets. Mais aussi à partager les technologies pour élargir les capacités de production de vaccins.
Gouvernants et Big Pharma nous disent que c’est impossible, trop long. L’exemple de Moderna qui a su lancer une production vaccinale industrielle en deux mois en lien avec le Suisse Lonza à Portsmouth, dans le New Hampshire, nous démontre le contraire. De même, les usines de TEVA, en Europe et aux USA, auraient pu produire des vaccins à ARN. Mais refus des détenteurs de brevets ! Lors du voyage de Macron en Afrique du Sud, les activistes ont expliqué que seulement 700 000 personnes, 1,2 % de la population, avaient reçu une dose de vaccin, alors que leur pays a des capacités de production inutilisées, pour cause de brevets. Aspen, qui assemble déjà les vaccins anti-covid de Johnson et Johnson à Port Elizabeth, est prêt à fabriquer les matières premières et donc à accroire les capacités de production. Sans parler de l’Institut Biovac, qui pourrait se lancer dans la fabrication. Prenant appui sur le vote pour la levée des brevets du Parlement européen, une large mobilisation unitaire se met en place. Avec un meeting international à Lille et sur les réseaux le vendredi 4 juin, et une journée d’action le lundi 7 juin. Vite, mobilisation pour les forcer à lever les brevets !