Publié le Mercredi 12 janvier 2022 à 12h29.

Hôpital Beauregard (Marseille) : les sages-femmes en lutte ne lâchent rien !

Les sages-femmes de l’hôpital privé Beauregard (Marseille 12e) sont en grève depuis quatre semaines pour leurs conditions de travail. La direction ne lâche rien… les grévistes non plus ! Ludivine (CGT) a répondu à nos questions.

Peux-tu nous résumer les raisons de votre mouvement ?

Depuis quelques années, il y a hausse de l’activité de la maternité de l’hôpital, consultations ou accouchements, ce qui ne fait que rendre plus difficile une offre de soins de qualité.

Depuis février 2021, nous demandons une entrevue avec la direction afin de revoir le protocole de soins en vue de son amélioration. Pendant des mois, la direction nous a baladées, malgré courriers, mails, lettre remises en main propre… En août, les conditions de travail s’étant aggravées (congés, arrêts maladie, départ de CDD…), la direction nous a enfin reçues, mais sans aborder la question pourtant brûlante des effectifs. Tout serait à l’étude, paraît-il, et on nous a promis une prime pour « rendre le travail plus attractif ».

Dès la rencontre passée, on n’a plus entendu parler ni de prime ni de révision du protocole.

Après une énième relance le 25 novembre, nous avons déposé un préavis de grève à dater du 13 décembre. Rappelons que, nationalement, plusieurs mouvements de grève touchent notre profession pour des raisons semblables.

Comment se passe la mobilisation ?

Nous sommes très mobilisées et unies. Sur un effectif de 35 sages-femmes, une seule non-­gréviste, et ce, depuis 4 semaines.

Les trois premières réunions sur site avec la direction n’ont rien donné, celle-ci restant sur ses positions. La DDETS (direction départementale du travail, de l’emploi et des solidarités) a proposé une réunion de conciliation que nous avons acceptée. La direction de l’hôpital a refusé dans un premier temps, disant ne pas pouvoir répondre positivement à nos revendications. Elle a finalement accepté le 4 janvier, mais sans rien céder ni négocier.

La DDETS a proposé une autre rencontre le 6 janvier : nouveau refus et propos méprisants (« Vous êtes déjà bien payées pour les responsabilités que vous avez »), niant la caractère médical de notre travail.

Y a-t-il d’autres mouvements semblables dans la région ?

La clinique Bouchard, dans le 6e, a fait une grève de 48 h début décembre, et à Vitrolles, nos ­collègues ont fait 24 h de grève.

Où en est-on à ce jour [9 janvier] ?

On lâche rien ! Même si un mois de grève, ça pèse sur le psychique et sur la situation financière, nous continuons la lutte.

Au début nous étions réquisitionnées à « effectif complet », ce qui nous a amenées à saisir le tribunal en référé pour atteinte au droit de grève. L’ordonnance rendue nous a donné gain de cause. La réquisition a été suspendue le 23 décembre et est maintenant appliquée seulement sur le service minimum.

Précisions que l’activité n’a pas été régulée pour tenir compte de notre grève. Certains obstétriciens refusent que les patientes soient dirigées vers d’autres maternités, au mépris des conditions d’accueil.

Quelle est l’attitude des syndicats ?

CFDT et CFTC ne nous soutiennent absolument pas, mais la CGT est totalement à nos côtés, que ce soit le syndicat, l’UD ou l’Union locale des 11e-12e, qui a lancé une souscription pour aider financièrement les collègues en lutte.

Propos recueillis par Jean-Marie Battini