Alors que l’épuisement professionnel touche les paramédicaux et, plus généralement tout le personnel des hôpitaux, le gouvernement, dans le cadre du « Ségur », vient d’annoncer un certain nombre de revalorisations des grilles salariales à compter du mois d’octobre prochain pour plus de 500 000 soignantEs paramédicaux, fonctionnaires de la fonction publique hospitalière.
Encore une fois, le gouvernement joue la division. Les nouvelles grilles de salaire ne concernent pas tous les métiers de l’hôpital. Elles ne s’appliquent qu’aux professionneEs titulaires. Les contractuelEs sont exclus de ces augmentations, alors qu’ils et elles représentaient en moyenne 28 % des effectifs de la fonction publique hospitalières en 2016. Les agentEs de service hospitalier (ASH), assistantes sociales, personnels administratifs, ouvrierEs, etc., sont exclus de ces augmentations. Alors qu’ils et elles sont partie prenante du soin.
Endiguer les départs
Il s’agit de la seconde étape des accords signés l’été dernier entre certains syndicats et le gouvernement. Cette revalorisation complète l’augmentation de 183 euros net intervenue en 2020, qui divisait déjà les personnels. Ces augmentations ne s’avèrent importantes qu’après seulement 20 ans de carrière, une situation devenue exceptionnelle. À titre d’exemple, en fin de carrière, cela équivaudra à 650 euros d’augmentation pour une aide-soignante. Après 20 ans de carrière cela fera 335 euros d’augmentation. Une infirmière en fin de carrière aura 536 euros d’augmentation. Après 20 ans de carrière cela lui fera 461 euros de plus.
Certaines catégories d’agentEs médico-sociaux percevront enfin les 183 euros d’augmentation à compter de juin (avec un an de retard). Là encore, tous les métiers ne seront pas concernés.
Ces augmentations inégalitaires ont plusieurs objectifs. Elles sont d’abord destinées à endiguer la fuite des paramédicaux. En effet, l’urgence reste le manque de personnel. Les démissions se multiplient ; 12 000 départs d’infirmières et d’aides-soignantes entre janvier et septembre 2020. À tel point que les directions bloquent les autorisations de démissions et les mises à disposition.
Elles visent également à combler la différence de salaire entre les infirmierEs françaises et leurs collègues européennes. Les infirmierEs hospitaliers français perçoivent une rémunération inférieure de 5 % au salaire moyen en France. En Allemagne, unE infirmierE gagne 13 % de plus que le salaire moyen, en Espagne 28 % de plus. Au Mexique, la rémunération est presque le double du salaire moyen…
Vers des conflits massifs ?
On le sait bien, ces augmentations salariales, issues des mobilisations massives du printemps dernier, sont les bienvenues. Mais, telles quelles, en divisant les personnels des hôpitaux, du médico-social et du social, le gouvernement tente d’éviter des conflits massifs à la sortie de la crise sanitaire.
Car ce ne sont pas les raisons qui manquent. En six mois, il n’a pas été créé un seul lit de réanimation. Pire, de nombreux lits ont été fermés depuis mars 2020 et de nombreuses fermetures de lits sont toujours prévues et actées par le gouvernement, les tutelles et les directions. L’autre volet du « Ségur » maintient sans état d’âme la marchandisation de la santé avec, notamment, l’amplification des hôtels hospitaliers, la coopération public/privé, la mise en place de lits transitoires pour faire face aux pics d’activité… Mais rien sur l’arrêt des fermetures de lits !
Des conflits sporadiques ont lieu dans certains établissements. Mais à ce jour, les rares journées d’action syndicales sont encore trop peu suivies. Alors, pas d’autres solutions que de continuer à se mobiliser, salariéEs, usagerEs, syndiquéEs, non syndiquéEs, collectifs, syndicats, dans l’unité, afin que nous soyons nombreuses et nombreux pour gagner.