Publié le Jeudi 25 juillet 2019 à 15h39.

Hôpital : pas de homard pour les urgences !

Samedi 27 juillet, réunion du Comité national de grève. Collectif Inter-urgences et syndicats ne lâchent rien et poursuivent la mobilisation jusqu’en septembre, avec la perspective d’une assemblée générale et d’une manifestation nationale. De Lille à Nice, de Redon-Carentoir en Bretagne à Saint-Gaudens en Occitanie, de Caen à Clermont-Ferrand, la lutte s’enracine et ne faiblit pas pour dénoncer et s’opposer à la catastrophe sanitaire qui s’annonce.

Depuis le 18 mars, après une série d’agressions, les soignantEs des urgences de l’hôpital parisien Saint-­Antoine sont en grève illimitée. Dans les jours suivants, les agentEs de quatre établissements voisins, dont Lariboisière où une personne est décédée dans la salle d’attente, faute de prise en charge, leur avaient emboîté le pas et le collectif inter-­urgences était lancé. Aides-soignantEs, infirmierEs, non syndiquéEs, ils et elles fondent le 25 mai, lors de la première assemblée générale, une association disposant d’une centaine de relais, partout en France et aux Antilles. Avec le soutien de SUD, de la CGT et de FO, le mouvement s’étend rapidement. La carte publiée par le Collectif recense aujourd’hui près de 200 services en lutte. À ce jour, la pétition de soutien a recueilli plus de 100 000 signatures.

La mobilisation s’étend

Deux manifestations nationales plus tard, les 6 juin et 2 juillet, la mobilisation ne faiblit pas. Les 70 millions d’euros, 0,08 % du budget global, lâchés par la ministre, ne sont pas à la hauteur des besoins : les grévistes exigent 10 000 embauches pour assurer, en toute sécurité, des soins de qualité, la réouverture des lits fermés pour en finir avec les hospitalisations-brancards dont la mortalité et la morbidité sont établies et enfin une revalorisation de 300 euros net des salaires parmi les plus bas de la fonction publique. Les 100 euros qui leur seront versés ce mois-ci sonnent comme une aumône. 

À La Rochelle, la semaine dernière, les grévistes ont chassé Agnès Buzyn, qui a été exfiltrée de l’hôpital sous la protection de la police. 

Aujourd’hui encore des services d’urgences annoncent leur entrée dans la grève. Et faute de réponses satisfaisantes des autorités sanitaires, des élus, comme à Montauban, ont décidé de boycotter le conseil de surveillance de l’hôpital, instance qui associe direction de l’établissement et représentantEs municipaux qui ont leur mot à dire sur la gestion de celui-ci. À Beaumont-sur-Oise, le comité de défense des usagerEs constitué début février, à l’origine d’une mobilisation des éluEs, du personnel hospitalier et d’habitantEs qui a sauvé, fin mai, maternité et pédiatrie, reste sur le pont pour les urgences en grève illimitée depuis une semaine. 

La grève, un symptôme

Pour Médecins du monde, dont 40 % des patientEs nécessitent une prise en charge urgente et la moitié ont un retard de recours aux soins, la grève des urgences est le signe d’une dégradation généralisée de l’accès aux soins : « Les services d’urgences ont vu leur fréquentation doubler en vingt ans, sans que jamais les moyens financiers, structurels et humains ne soient à la hauteur. Les soignantEs en sous-effectif sont épuiséEs et ne peuvent plus assurer leur mission. À bout physiquement et psychologiquement, ils/elles ne trouvent plus de sens à leur travail au sein d’un système au bord de l’implosion. » 

L’Association des médecins urgentistes parle même d’effondrement. Des effectifs en baisse, des SMUR et des lits fermés, congés et arrêts maladie, la saison estivale s’annonce pleine de danger. Pics de chaleur, surpopulation, accidents à la mer, à la montagne ou sur les routes saturées, piqures d’insectes, brûlures du soleil, barbecues, le taux de fréquentation explose l’été… 

Marée blanche

« Pas de vacances pour les urgences » titre le dernier communiqué du collectif. Il annonce des rassemblements régionaux et, conscient que les hôpitaux parisiens ne représentent qu’une minorité des services en grève, il restera solidaire et vigilant pour dénoncer les drames liés aux politiques de restrictions budgétaires, car il juge inacceptable que le budget global des hôpitaux ne soit pas augmenté, que ce qui est donné aux Urgences se fasse au détriment d’autres services.

C’est donc bien une marée blanche, portée par la population et les éluEs, que les grévistes et leurs soutiens vont s’atteler à construire, pour faire sauter le verrou budgétaire que le gouvernement maintient contre l’intérêt général.

CorrespondantEs