Publié le Mercredi 7 avril 2021 à 09h19.

Bientôt 100 000 morts du covid : le gouvernement responsable et coupable

Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, la Macronie fait montre de son incapacité à juguler la crise sanitaire, et porte la responsabilité de milliers, de dizaines de milliers de morts qui auraient pu être évitées. Sans changement de cap radical, qui ne pourra être que le fruit de la construction d’un rapport de forces par nos mobilisations, cette situation peut malheureusement encore perdurer pendant de longs mois, voire davantage.

Moins d’une semaine après avoir affirmé qu’il ne faisait « aucun mea culpa, […] aucun constat d’échec », Macron a certes concédé, lors de son allocution du 31 mars, qu’il aurait « pu faire mieux »… C’est le moins qu’il puisse dire ! Au cours de ce discours télévisé, Macron a toutefois cherché à garder la face et à vanter son bilan, n’hésitant pas à travestir la réalité, voire à mentir effrontément, comme lorsqu’il a déclaré : « Nous avons conservé la maîtrise de la situation à l’hôpital. » Une claque supplémentaire pour les malades et pour les personnels hospitaliers, et une négation des faits, comme l’indiquaient quelques jours plus tôt 41 médecins réanimateurs et urgentistes dans une tribune publiée par le Journal du dimanche : « Le tri des patients a déjà commencé puisque des déprogrammations médicales et chirurgicales importantes nous ont déjà été imposées et que nous savons pertinemment que celles-ci sont associées à des pertes de chances et des non-accès aux soins pour certains patients. Ces déprogrammations vont devoir s’intensifier dans les jours qui viennent, n’épargnant bientôt plus que les urgences vitales. » 

« Si je ne fais pas tout, tout seul, rien ne se passe »

Macron ment, et Macron nous prend pour des imbéciles, par exemple lorsqu’il explique que « nous avons gagné des jours précieux de liberté, gardé des jours d’apprentissage pour nos enfants » pour justifier l’absence de toute décision alors que tous les signaux étaient déjà au rouge dans les semaines précédant son intervention. Mais de quelle liberté parle-t-on ? Celle de se contaminer dans les transports, à l’école et au travail, alors que toute vie sociale et tout loisir sont proscrits ? Celle de voir des classes, voire des établissements scolaires entiers, fermer les uns après les autres sous la pression des contaminations pendant qu’un certain Jean-Michel Blanquer expliquait que le virus ne circulait pas dans les écoles ? Ou alors celle de passer des soirées sous couvre-feu à regarder à la télévision le défilé des responsables LREM nous expliquer que la campagne de vaccination était « en marche » alors qu’il était impossible d’obtenir le moindre rendez-vous, faute de vaccins ?

Le décalage entre l’auto-satisfaction de Macron et la réalité de la situation n’a probablement jamais été aussi grand. Et l’on n’a – malheureusement – guère été surpris d’apprendre dans les colonnes du Monde que, dans les jours précédant l’intervention présidentielle, des témoins ont trouvé Macron « extatique », entretenu dans sa bulle par une « atmosphère de cour invraisemblable », allant même jusqu’à déclarer dans le privé : « Si je ne fais pas tout, tout seul, rien ne se passe »1. Jupiter 1er dans sa splendeur, tout à son mépris et à sa mégalomanie : voilà qui pourrait faire sourire si la situation n’était pas aussi tragique et si Macron ne nous avait pas déjà largement démontré, par le passé, sa capacité à être dangereusement obstiné, quitte à jouer avec nos vies, nos droits et nos libertés.

Ils devront rendre des comptes

Le cap des 100 000 morts du Covid-19 en France approche, qui ne manquera pas de susciter déclarations diverses, remises en question et colères – justifiées. Parmi ces 100 000 morts, des milliers, voire dizaines de milliers auraient pu être évités si Macron et son gouvernement n’avaient pas fait primer le profit sur les vies. Tôt ou tard, ils devront rendre des comptes, et le plus tôt sera le mieux.

Il faut le faire entendre haut et fort : notre santé, nos vies, sont des choses trop sérieuses pour les laisser entre les mains des capitalistes et de ceux qui les servent. À nous d’imposer de véritables mesures de santé publique : l’ouverture de lits en réanimation (au-delà des belles promesses une fois de plus renouvelées), l’embauche et la formation massive de personnels de santé ; l’amplification de la campagne de vaccination, ce qui ne peut passer que par la réquisition de l’appareil de production et la levée immédiate des brevets sur les vaccins ; la protection du monde du travail et de l’ensemble de la population (dans les entreprises et les services publics), y compris par la fermeture des lieux si nécessaire. Il y a urgence !

  • 1. Solenn de Royer, « La théâtralisation de la parole présidentielle vient masquer l’impuissance de l’exécutif face à une épidémie hors de contrôle », lemonde.fr, 1er avril 2021.