L’hôpital Pierre-Janet (HPJ) regroupe la psychiatrie et la pédopsychiatrie et fait partie du groupe hospitalier du Havre (GHH). Environ 700 salariéEs travaillent sur ce pôle. À l’origine pensé comme un HP ouvert, il a été à la pointe d’une conception de la psychiatrie alternative à l’enfermement.
Une logique qui a le grand tort, du point de vue des autorités, de nécessiter beaucoup de personnel. Pourtant, comme dans l’ensemble des hôpitaux psychiatriques, la situation se dégrade au fil des années et on est aujourd’hui bien loin du projet initial. Cette dégradation est particulièrement critique au service des urgences où plus de 10 patients passent régulièrement la nuit (pour 5 lits disponibles), dans des conditions indignes : matelas au sol, pas d’intimité… À cette situation s’ajoute un manque structurel de psychiatres, une grande partie des postes existants n’étant pas pourvus.
Le Rouvray comme catalyseur
Après des mois de mobilisations régulières (mardis de la colère) et la participation à la coordination des hôpitaux en lutte, la grève de la faim du Rouvray a servi de catalyseur à l’élargissement de la mobilisation. Le mouvement de grève reconductible a débuté le 16 juin aux urgences puis s’est élargi sur HPJ. La grève a permis de fonctionner en assemblées générales quasi quotidiennes, qui réunissent plus d’une centaine de personnels, et grâce auxquelles une nouvelle génération s’engage dans la lutte. Les AG, soutenues par Sud, la CGT et la CFDT, déterminent les revendications (création d’une unité de 35 lits, qui correspond au nombre de lits supplémentaires régulièrement ajoutés sur les quatre unités d’hospitalisation, stagiairisation des contractuels, mise en place d’un pool de remplacements et annulation de la fermeture de deux centres médico-psychologiques…) et le calendrier des actions.
Depuis le 16, celles-ci se multiplient : rassemblement avec les cheminotEs, occupation des instances, chorale à la fête de la musique… La plus réussie d’entre elles étant sans doute le die-in devant le conseil de surveillance, qui a contraint les honorables membres de l’institution à enjamber une centaine de personnels pour sortir, symbolisant ainsi la violence des politiques d’austérité.
Vers l’élargissement ?
Le soutien à la mobilisation commence à se développer : déclaration des médecins d’HPJ, interventions du comité havrais de défense des services publics… Pour l’instant, les propositions de la direction (création de deux postes, « meilleur approvisionnement en linge ») sont perçues pour ce qu’elles sont : des provocations.
La victoire du Rouvray a redonné des forces aux personnels. D’autres HP recommencent à se mobiliser dans la région. La conscience qu’au-delà des importantes victoires locales, c’est toute une politique qu’il faut abattre se développe. L’enjeu des jours et des semaines à venir est l’élargissement de la mobilisation sur d’autres sites.
Correspondant