Lors d’une conférence de presse le 24 octobre, David Margueritte, vice-président de la région Normandie, a annoncé la réduction massive du nombre de places dans les IFSI (Instituts de formation en soins infirmiers), ainsi que la fermeture d’un IFSI et de 10 IFAS (Instituts de formations d’aides-soignantEs) Une décision consternante au moment où la pénurie de personnel soignant prend un tour dramatique dans les établissements hospitaliers.
En Normandie, comme ailleurs, les hôpitaux connaissent une pénurie dramatique de personnel, en particulier de personnel soignant (infirmierEs et aides-soignantEs). L’épuisement professionnel (« burn out ») est partout présent, lié à des conditions de travail chaque jour plus insupportables. Et la région n’a pas échappé à l’épidémie de suicides qui a frappé les établissements : le 24 juin dernier, une infirmière de pédiatrie a mis fin à ses jours à l’hôpital du Havre.
Cette situation est la conséquence directe de l’austérité sans fin appliquée aux hôpitaux, accompagnée d’un « management » calqué sur le modèle du secteur privé. Ce sont des centaines de postes qui font défaut, et en bons gestionnaires de la pénurie, les directions hospitalières – pour « rentabiliser » toujours plus – suppriment des jours de RTT, généralisent la polyvalence, ont recours systématiquement à l’intérim et aux contrats précaires. Le personnel (70 à 80 % des budgets hospitaliers) reste la « variable d’ajustement » dans des budgets qui ne permettent même pas de maintenir les effectifs d’une année sur l’autre.
Conséquence de cette situation, une partie des étudiants infirmiers ne trouvent pas de poste à la fin de leurs études : comme on l’entend souvent dans les manifestations hospitalières, « À l’hôpital y a trop de travail, à l’extérieur y a trop de chômeurs ».
Gauche et droite responsables
Pour éviter le chômage aux jeunes infirmierEs, les compères Morin/Margueritte ont eu une idée lumineuse : réduire les promotions infirmierEs, fermer les instituts d’aides-soignantEs jugés trop peu « rentables », ce qui leur permet, au passage, de diminuer les budgets formation de la région… tout en pointant la responsabilité du gouvernement PS et de son Agence régionale de santé dans l’absence de recrutement des établissements.
La Région n’y serait pour rien. Mais comme le dit le tract du NPA distribué dans toute la région : « Assez d’hypocrisie, M. Morin. La “loi Touraine”, qui regroupe les établissements, ferme les services et généralise la pénurie, est la suite de la “loi Bachelot” mise en place par le gouvernement dont vous étiez membre en 2009. Vous êtes, tout autant que le gouvernement actuel, responsable de la pénurie dans nos services. Et vos amis politiques (Sarkozy, Juppé, etc.) annoncent qu’en 2017, s’ ils sont élus, ils supprimeront encore plus d’emplois publics ! »
La pénurie d’infirmierEs et d’aide-soignantEs que la région s’apprête à organiser, sera un argument supplémentaire pour fermer ou regrouper davantage de services et d’hôpitaux.
La solution est à l’exact opposé : refuser la fermeture des IFAS, des IFSI et la réduction du nombre de promotions, afin d’imposer le recrutement indispensable d’infirmierEs et d’aides-soignantEs. Cela nécessite une mobilisation commune des personnels hospitaliers, des étudiantEs en IFSI et en IFAS et des jeunes qui veulent y entrer. Une raison supplémentaire de participer à la journée de grève et de manifestations du mardi 8 novembre à l’appel des fédérations CGT, SUD et FO de la santé.
J.C. Delavigne