Le débat sur la fin de vie est revenu devant la justice ce lundi 12 octobre avec le procès en appel à Angers de Nicolas Bonnemaison. L’ex-urgentiste de Bayonne est accusé de sept cas « d’empoisonnement » auprès de patients âgés, incurables et en phase terminale. Il avait été acquitté en juin 2014 par la cour d’assises de Pau, au terme d’un procès long (11 jours). Le Parquet général ayant fait appel, Bonnemaison est donc rejugé, cette fois devant la cour d’assises d’appel de Maine-et-Loire.
Un « acharnement judiciaire déraisonnable », s’indignait sa défense au moment de l’appel. En effet, aucune des familles des victimes n’a porté plainte, mais deux s’étaient toutefois constituées partie civile.« On ne peut, de manière clandestine et solitaire, abréger la vie d’une personne qui ne le demande pas », affirme le député de droite Jean Leonetti, père d’une loi sur la fin de vie.
Votée de manière consensuelle en 2005, la loi Leonetti interdit l’acharnement thérapeutique et instaure un droit au « laisser mourir ». Mais si elle autorise l’administration par les médecins de traitements antalgiques permettant de soulager la souffrance, avec pour « effet secondaire d’abréger la vie » du malade, elle exclut l’injection létale aux malades en fin de vie, comme c’est par exemple autorisé à des degrés divers au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Belgique et en Suisse.
Il y a quelques jours, l’Assemblée nationale a adopté en deuxième lecture une nouvelle proposition de loi instaurant un « droit à la sédation profonde et continue », un endormissement jusqu’au décès pour les malades incurables et au pronostic vital engagé à court terme. Cela ne répond pas aux demandes de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, l’ADMD, qui y voit là un abandon d’une des rares promesses du candidat Hollande.
Contre l’obstination thérapeutique, nous défendons un droit élémentaire, celui de choisir de mourir dans la dignité face à une maladie sans espoir de guérison et qui peut entraîner des souffrances parfois intolérables. Sédation pour mourir endormi, euthanasie active, recours au suicide assisté, le patient doit pouvoir choisir en toute connaissance de cause.