Publié par le NPA 32. À l’occasion de la journée de mobilisation nationale pour l’abrogation de la loi travail du jeudi 15 septembre, j’ai pu échanger avec Nicolas Pellizzari, secrétaire CGT de l’hôpital psychiatrique d’Auch. Depuis désormais plusieurs mois, les travailleurs de ce centre hospitalier mènent une lutte contre le Groupement hospitalier de territoire (GHT), une des mesures phares de la Loi de santé de Marisol Touraine.
Que se passe t-il dans les hôpitaux de manière générale en France ?
Il y a deux aspects dans la problématiques des hôpitaux. Il y a la question des moyens (1eraspect). Progressivement les centres hospitaliers ont été mis en déficit et aujourd’hui il leur est reproché le déficit dans lequel ils sont. Les professionnels de santé sont culpabilisés. Ils seraient responsables de ce déficit. Ainsi, ont été créé des institutions à travers des lois de gouvernance des hôpitaux (2e aspect) qui permettent de mettre en place une politique de gestion autoritaire purement administrative et comptable. C’est notamment le cas avec la Loi Bachelot (2009). La Loi de santé portée par Marisol Touraine (promulguée en janvier 2016) s’inscrit dans la continuité
Peux tu détailler un peu sur cette Loi de santé de Marisol Touraine ?
Cette loi c’est toujours moins de démocratie. Elle crée 135 GHT qui vont regrouper les quelques 2 200 hôpitaux existants. C’est au sein de ces 135 groupements dans lesquels les établissements seront complètement dilués que se prendront les grandes orientations stratégiques (de manière toujours plus déconnectée des professionnels de santé et des usagers), que les trésoreries seront fusionnées avec pour modèle de gestion le cash pooling qui est le mode de gestion financier des grands groupes de santé privés (un levier de performance financière sur lequel s’appuie en fait tous les grands groupes privés avec filiales pour optimiser la gestion de leurs dépenses et de leurs recettes dans le souci de dégager des bénéfices toujours plus importants).
Localement, où en est la lutte ?
Pour être honnête, nous n’avons pas réussi à déclencher une mobilisation générale dans le département contre le principe du GHT, sur le fond du projet. Il y a 12 établissements de santé concernés dans le département donc il aurait fallu une lutte qui intègre tous ces établissements. Par contre, sur l’hôpital psychiatrique il y a une forte mobilisation avec une alliance entre les professionnels de santé, les représentants des usagers et le CGT pour demander une dérogation au titre de la spécificité. Les hôpitaux psychiatriques ont 200 ans d’histoire et avec cette loi ils veulent effacer cette histoire. C’est donc vraiment sur cette spécificité là que la lutte se construit depuis le mois d’avril à l’hôpital psychiatrique d’Auch.
Quels sont vos modes d’actions et vos perspectives ? La grève du zèle peut-elle être une solution ?
La grève du zèle est très difficile dans la pratique. C’est souvent une pratique isolée qui ne tient pas face à la pression de la hiérarchie. À l’hôpital psychiatrique d’Auch, à une époque, il y avait cette culture. Lors des jours de grève, tout un tas de démarches administratives n’étaient pas faites. On faisait uniquement le soin aux patients. Toutefois il faut savoir qu’il y a eu, en 2008 de mémoire, des sanctions disciplinaires à l’encontre de certains agents. Nous savons que l’issue doit être collective. Le rapport de force est compliqué aujourd’hui. Le gouvernement est très autoritaire, on a vu ce qu’il s’est passé avec la Loi El-Khomri et l’utilisation du 49.3. Sur les GHT, l’autoritarisme, la précipitation dans laquelle tout c’est fait, l’impossibilité de discuter ont aussi pour résultat beaucoup de renoncement dans les hôpitaux. Cependant ont va continuer et ne rien lâcher.
La lutte continue et les acteurs de ce combat ont besoin d’être encouragés et soutenus pour espérer remporter leur bras de fer engagé avec l’Agence régionale de santé et le gouvernement. Le NPA 32 les encourage et les soutient à 100 %. Johan