Publié le Jeudi 4 juillet 2013 à 12h26.

Psychiatrie de Caen (14) : victoire des personnels

En une semaine, les personnels de l’EPSM (établissement de psychiatrie publique) de Caen, ont obtenu le retrait du plan d’économie que prétendait leur imposer le directeur. Appliquant la politique gouvernementale d’austérité budgétaire, celui-ci voulait, en bon gestionnaire libéral, constituer un « bas de laine » de 7 millions d’euros d’autofinancement… sur le dos des personnels.Faute d’un financement public suffisant, comme beaucoup d’établissements, le CHS de Caen a dû s’endetter auprès des banques pour financer des travaux de rénovation indispensables. Le directeur et l’Agence régionale de santé entendaient maintenant faire payer cette dette aux personnels et au service public !Le 11 juin, le directeur annonçait dans la presse et par une lettre adressée à chaque membre du personnel un plan qui était une véritable déclaration de guerre. Fermeture du laboratoire et de la blanchisserie, restructuration de la cuisine, suppression de 5 jours de RTT et de la demi-heure de temps de repas sur le temps de travail, transformation de postes d’infirmiers en postes aide-soignants (déqualification), interdiction du temps partiel à 80%, y compris pour les bénéficiaires actuels, fermeture et regroupements de structures de soins extérieures à l’hôpital.

Colère et révolteLe jeudi 13 juin, à l’appel des 3 organisations syndicales (CGT SUD CFDT), plus de 500 salariéEs (sur les 700 en service ce jour !) ont participé à l’assemblée générale, personnels techniques, administratifs et soignants unis. Le 14 juin, une nouvelle AG décide d’aller remettre sa lettre au directeur, au cri de « Pour nous c’est non, le personnel ne paiera pas le déficit ! » Le lundi 17 juin, les admissions de l’hôpital sont bloquées et les accès filtrés. À la suite d’une nouvelle AG, très importante, la colère éclate et la voiture et les vitres du bureau du directeur, où celui-ci reste muré, en feront les frais, et « jaunissent » sous un tir nourri d’œufs. Les RG présents commencent à s’inquiéter et envisagent de faire appel à leurs collègues « en bleu »...Mardi 18 juin , tandis que le blocage se poursuit, le directeur rencontre les cadres pour tenter de reprendre la situation en main. Peine perdue, l’encadrement ne le suit pas et décide même d’entrer en rébellion en ne communiquant plus le nom des grévistes au directeur. Dans la soirée, les médecins leur emboîtent le pas, la commission médicale d’établissement lâche le directeur, désapprouvant ses méthodes, demandant le retrait du plan, et faisant planer la menace d’une démission collective. Mercredi 19 au matin, totalement isolé, le directeur doit retirer son projet.Le protocole de fin de grève prévoit le paiement intégral des jours de grève. Une AG de 400 personnes prend acte de cette victoire totale et décide de lever les blocages et la grève. Quelques jours plus tard, sur le base du rapport de forces acquis, 20 contractuels ont été « mis en stage », dans la perspective d’une titularisation.Cette magnifique victoire des personnels de psychiatrie de Caen intervient au moment où les établissements psychiatriques subissent des plans analogues, et où les ARS et les directions tentent d’imposer exactement les mêmes mesures qu’à Caen. Elle témoigne avec d’autres mouvements en cours à Quimper, Toulouse, Saint-Maurice, Uzès… d’une volonté de ne plus subir l’austérité et le « management » d’entreprise imposés à l’hôpital. Elle montre une nouvelle radicalité chez les personnels qui ont beaucoup subi au cours des dix dernières années, et met à l’ordre du jour la perspective d’une généralisation et d’une coordination des mouvements pour en finir avec l’austérité dans la santé.

Correspondant