Publié le Vendredi 17 juillet 2015 à 08h05.

Santé : « Oxi » à l’Hôstérité !

Les deux syndicats qui avaient « renoué » avec la direction générale de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris ont enfin claqué la porte et retrouvé l’intersyndicale pour préparer la mobilisation de rentrée...

La CFDT qui a pris le train en route, si peu habituée à se mobiliser dans la rue mais plus prompte à signer des accords qui ne garantissent en rien les intérêts des salariéEs, a découvert que les documents soumis à la discussion par Martin Hirsch sont « en circulation et mis en œuvre dans les groupes hospitaliers depuis le 24 juin » et que les représentantEs du personnel en sont écartés. « Après de multiples questions », ce syndicat comprend enfin que le directeur général n’a pas renoncé à supprimer des RTT et que son objectif « reste un objectif uniquement économique (30 millions d’économies) ». Le syndicat CFDT est « désappointé et déçu » : même pas un petit os à ronger pour cette organisation qui « s’est inscrite dans une démarche responsable et constructive »...

SUD aussi s’est heurté au cynisme de ce bon petit soldat d’un gouvernement qui s’est couché devant la finance. Porteur des revendications clamées haut et fort par plus de 30 000 salariéEs du premier employeur d’Île-de-France (qui en compte 75 000), SUD n’a pas réussi à entamer la volonté de Hirsch qui s’est trouvé conforté dans son poste par la participation de ces deux composantes de l’intersyndicale à cette mascarade.

La CGT et FO, enfermés dans leur défense du statu quo et leur refus d’élargir le front à l’ensemble de la fonction publique hospitalière, ne constituent pas non plus une alternative crédible pour construire la lutte contre l’austérité à l’hôpital.

Tout dialogue avec la direction générale de l’AP-HP est enfin rompu, et l’inter­syndicale retrouve la voie de l’unité pour appeler à la grève dès le 17 septembre, réaffirmant son opposition aux plans d’économies – 600 millions d’euros ces quatre dernières années, dont 150 millions pour 2015 –, son exigence de création d’emplois, et la titularisation de tous les contractuelLEs.

Les médecins votent “Non” aux plans « d’économies »

À l’image de la commission médicale des hospices civils de Lyon, les représentants médicaux du CHU francilien ont rejeté à une large majorité le budget présenté par Hirsch début juin, en adressant un message très clair : « L’hôpital ne peut pas supporter les économies demandées par le gouvernement sans mettre en péril ses missions. Faute d’investissements et d’effectifs suffisants, l’AP-HP diminue son offre de soins et peine à garantir leur qualité, dans un climat dégradé ». 3 milliards d’économie que le gouvernement veut imposer aux hôpitaux d’ici 2019.

« L’Appel des médecins hospitaliers pour sortir l’hôpital public de la crise », signé par plus de 500 praticiens hospitaliers, souligne l’absence de volonté politique de cette « gauche » de construire un service public de la médecine de proximité assurant la permanence des soins. Comme les précédents, ce gouvernement poursuit les réformes qui ont aggravé la situation de l’hôpital, à commencer par la mise en place des 35 heures hebdomadaires sans les embauches correspondantes (4 000 emplois). La tarification à l’activité (T2A) est aussi dénoncée car elle conduit à la recherche permanente d’augmentation des activités « rentables » au détriment d’une réponse adaptée aux besoins de la population. Cela sans oublier la mise en place d’une gouvernance d’entreprise verticale et d’un management d’inspiration taylorienne.

Toutes ces réformes mettant en œuvre « l’hôpital-entreprise » entraînent une perte de sens du métier hospitalier et sont responsables de la souffrance au travail des personnels avec des conséquences graves sur leur santé physique et psychique.

Tous les hospitalierEs de France devraient donc se retrouver côte à côte pour s’opposer à l’austérité, et des liens restent à établir. En attendant, vigilance et établissement de cahiers de doléances sont à l’ordre du jour dans les établissements de l’AP-HP ainsi que la préparation de la rentrée et de la mobilisation du 17 septembre, sans renouveler les journées de mobilisation éparpillées qui affaiblissent le mouvement. Toutes celles et ceux qui, partout en France, s’opposent à l’austérité à l’hôpital devraient se retrouver ensemble dans la rue !

CorrespondantEs