Le 23 novembre, Macron annonçait un « allègement du confinement » en plusieurs étapes. Un calendrier soumis à la poursuite de la décrue de l’épidémie, dont l’échec devrait être imputé non à des erreurs des gouvernants mais à l’irresponsabilité de celles et ceux qui auront abusé de leur bienveillance et n’auront pas respecté ses consignes. Et si Macron a donné un coup de chapeau aux hospitalierEs, pas une embauche annoncée pour l’hôpital public…
Tout en laissant le soin au gouvernement de présenter les mesures concrètes, l’intervention présidentielle a avancé des orientations sur deux points : l’isolement et la vaccination.
La punition, toujours
Dans la logique autoritaire et inefficace du « confinement », il est préconisé de sanctionner les personnes positives qui ne s’isoleraient pas, dans le cadre de la stratégie de « tester, tracer, isoler ». Une nouvelle mesure répressive, qui s’inscrit dans la suite des précédentes sur le confinement et plus généralement contre le cours autoritaire et répressif du pouvoir. Le président était resté évasif sur la question, mais le dépôt, le lendemain matin, d’un projet de loi d’AGIR, un des groupes parlementaires de la Macronie, prévoyant, même si un « accompagnement » est annoncé, une amende de 1500 euros pour celles et ceux qui ne respecteraient pas l’isolement, ne doit évidemment rien au hasard.
L’absurdité d’une telle mesure, qui aboutira au fait que les personnes touchées ne se signaleront pas du fait du risque de sanctions, a été très largement dénoncée, y compris par des personnalités très « officielles » comme Delfraissy, président du Conseil scientifique, ou Axel Kahn. C’est par ailleurs une mesure de classe qui frappera beaucoup plus violemment les plus précaires, celles et ceux pour qui l’isolement posera le plus de problèmes, même avec des « aides ».
Le suivi et l’accompagnement bienveillant sur le plan sanitaire et social, reposant sur la confiance, ainsi que des mesures sociales (garanties de revenu, conditions d’hébergement dignes et acceptables par la personne et ses proches, soins gratuits…) est incompatible avec cette approche punitive.
Cette politique de criminalisation du confinement des patientEs Covid va évidemment de pair avec l’absence d’embauche pour la recherche des cas contacts, sans même parler du développement d’une politique de santé communautaire s’appuyant sur l’alliance des professionnelEs de santé (apportant sur le terrain leurs connaissances et leur savoir-faire) et de la population, qui peut ainsi s’auto-organiser pour trouver les solutions adaptées et consenties à la lutte contre l’épidémie, dans les quartiers, sur les lieux de travail.
Sur la vaccination
Sur la stratégie vaccinale, Macron a dû se rendre à l’évidence : l’approche autoritaire et répressive de « l’obligation » ne fonctionnera pas. La vaccination sera facultative et s’appuiera sur la transparence et l’effort de conviction. Par contre on peut s’inquiéter, après le fiasco sur les masques et des tests, des capacités à organiser pratiquement cette campagne, dont les aspects techniques sont complexes : nécessité d’une logistique très lourde pour conserver un vaccin à -75° dans un cas, -20° dans l’autre, incapacité des acteurs de proximité (médecins, infirmiers, pharmaciens..), les plus à même de convaincre de la nécessité de la vaccination de disposer d’une telle logistique, et risques de rupture de la chaîne du froid. La conviction habituelle chez Macron qu’il suffit de donner des ordres pour que « l’intendance suive » risque une nouvelle fois d’être mise à l’épreuve, ce dont il ne faut évidemment pas se réjouir. Reste également posée la question de la vaccination universelle, car comme chacun le sait, la « vaccination dans un seul pays », ou même seulement dans les pays riches, crée toutes les conditions de la résurgence de la pandémie.