À l’image de la météo, on aura eu un 1er Mai 2018 de qualité moyenne avec environ 200 000 manifestantEs. Les médias n’en retiennent, pour l’essentiel, que les « violences » en tête du cortège parisien. TéléspectateurEs, auditeurEs et lecteurEs ne sauront rien, ou pas grand chose, des violences policières de Rennes.
Une grande disparité
Ce qui est le plus marquant, c’est l’extrême diversité des situations suivant les villes. Des participations correctes à Nîmes, en Bretagne (600 à Quimper avec également des rassemblements à Pont-l’Abbé, Châteaulin, Rosporden, Quimperlé, Carhaix, Morlaix et Brest), à Lyon (8 000 selon la CGT), à Angers (1 300 personnes auxquelles il faut ajouter plus de 400 autres à Cholet, Saumur et Segré), à Bordeaux (10 000 selon les syndicats), à Toulouse (8 000), Montpellier (3 000), Tarbes (1 000), à Rennes (4 000), 5 000 à Grenoble,1 300 au Mans, Angoulême (environ 700 personnes), et aussi 200 manifestants à Ruffec – problèmes avec la LGV et la suppression des arrêts de TGV – et 60 à Cognac.
Des chiffres un peu décevants à Rouen (1 000) ou Nice avec 2 000 personnes, dans le contexte particulier de la manifestation de l’extrême droite, à Avignon (500, sous la pluie), à Nantes (4 000), Alençon (200), Chambéry (500), 800 à St-Nazaire et 500 à La Roche-sur-Yon.
Si la CGT fournissait généralement le plus gros des effectifs, les militantEs de Solidaires étaient généralement bien -présents. FO très inégal et la FSU toujours en faiblesse, avec l’excuse partielle des vacances scolaires.
Pour ce qui est de l’ambiance, là aussi beaucoup de disparité. De la morosité à Alençon, Avignon, Chambéry, Rouen. Mais du dynamisme à Tarbes, Toulouse, Bordeaux ou Rennes.
Même la sociologie était hétérogène. Des jeunes à Rennes, Nîmes, Lyon, Paris. Les cheminotEs étaient présentEs à Nîmes, Quimper ou Lyon mais, dans bien des endroits, le fait que ce n’était pas un jour de grève et l’effet « pont » ne font pas apparaître une forte mobilisation de ce secteur pourtant en lutte.
Débattre pour amplifier la mobilisation
Et toujours beaucoup d’inégalités dans les présences des « politiques ». Les divisions et les manœuvres de La France insoumise et du PCF au niveau national ont là aussi conduit à une grande disparité dans les rassemblements locaux. Ce qui n’a pas empêché de nombreux débats, notamment sur la question de l’unité, que ce soit à propos de la manifestation de samedi prochain, la « fête à Macron », ou d’initiatives plus locales de soutien aux mobilisations des jeunes ou des cheminotEs.
Au total, le fil qui relie toutes ces manifestations et rassemblements pourrait bien être celui des migrantEs, des immigréEs, des sans-papiers, dont la présence reste un constante des manifestations du 1er Mai, au côté des cortèges BDS, kurdes, etc. Une constante qui nous rappelle que le 1er Mai, c’est aussi (d’abord) une journée de mobilisation internationale et internationaliste.
L’autre motif de satisfaction réside dans la présence, certes là aussi inégale, du NPA, mais surtout dans l’accueil de notre matériel (tracts, autocollants) et l’attention portée aux nombreuses initiatives en cours et prévues notamment autour du 50e anniversaire de mai 1968 ou de soutien aux luttes. Le sentiment dominant qui ressort de cette journée, pour les camarades du NPA, est un mélange d’incertitude sur la capacité des mobilisations en cours à renverser le rapport de forces, une disponibilité aux échanges sur les chemins à (re)tracer pour construire ces mobilisations, les élargir, les faire converger. Autant de discussions qui se poursuivront dans les manifestations du 3 mai et du 5 mai.
Robert Pelletier (avec correspondantEs)