La compagnie se porte bien... mais vient d’annoncer sa volonté de supprimer près de 3 000 emplois en 2014 !
Air France/KLM dégage une marge annuelle de plusieurs milliards d’euros et est dans le quatuor de tête mondial des compagnies aériennes en termes de trafic passagers. Il est également le numéro un mondial pour le fret aérien. Mais, depuis bientôt deux ans, la Direction a monté une communication volontairement alarmiste en interne et auprès de médias. Certains pensaient même qu’Air France était au bord du dépôt de bilan. Le vrai problème était seulement que les dépenses d’investissement (nouveaux avions, aménagement des cabines, opérations de rachats) dépassent chaque année 1 millard d’euros. C’est cela qui explique des « résultats nets négatifs » et un montant net de crédit de 6 milliards qualifié de « dette insupportable »... par un groupe qui réalise chaque année 26 milliards de chiffre d’affaires.
Dès lors, le but est d’économiser autour de 400 millions d’euros sur la masse salariale et également, en réduisant au maximum celle-ci, de conforter sa crédibilité auprès des investisseurs institutionnels. Ceux-ci savent bien que le groupe va largement accroître ses marges financières en 2014 et 2015. Ni les low cost ni les compagnies du Golfe n’empêchent Air France de remplir tous ses avions, ni de recueillir une excellente recette unitaire par passager, là aussi une des meilleures du marché.
La mobilisation décolle ?
L’an dernier, s’appuyant sur ce climat de peur, la direction a révisé à la baisse l’ensemble des accords collectifs. Dans le même mouvement, elle a imposé un blocage des salaires en 2012 et 2013 et la suppression de 5 000 postes, par départs naturels et par un « plan de départ volontaires ». Toutes ces mesures scélérates se sont faites avec l’assentiment de la CFDT, de FO, de la CGC et de l’UNSA, et du SNPL chez les pilotes.
Forte de ce succès, la direction veut donc doubler la mise et supprimer 2 800 emplois, grâce aux gains de productivité générés par les accords déjà signés (réduction d’équipage et intensification du travail chez les navigants commerciaux, flexibilité accrue et 11 jours travaillés de plus pour le personnel au sol) et par le passage à la sous-traitance de nouvelles activités. Les premiers visés vont être les salariéEs du fret / cargo et le personnel au sol des escales France. Les salariés du Fret Orly sont menacés de disparition pure et simple ! La direction promet également une nouvelle année de blocage des salaires, après une perte de près de 10 % cumulés en 2012 et 2013. La volonté de recourir à l’annualisation des heures de travail dans plusieurs secteurs va dans le même sens : dégrader les conditions de travail ! Au Centre industriel de Toulouse, à l’Escale de Marseille, les salariés ont déjà mené plusieurs grèves ces dernières semaines pour la défense de leurs emplois.
L’enjeu dans les semaines qui viennent va être pour les secteurs syndicaux combatifs (SUD et des sections CGT) de contrer les nouvelles attaques.