Publié le Vendredi 13 avril 2012 à 19h14.

Autisme : les enjeux d’une campagne

Après la maladie d’Alzheimer (avec les résultats pitoyables que l’on connaît), c’est en 2012 que l’autisme est déclaré « grande cause nationale ».

Roselyne Bachelot vient de présenter en conseil des ministres « un plan autisme 2012-2015 ».Celui-ci relève avant tout de l’effet d’annonce à quelques semaines des élections, alors qu’il n’y a même plus de Parlement pour en débattre.

Rien de concret dans ce plan… à une exception près : « l’offre de soin et d’accompagnement devra évoluer pour se conformer aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) ».Cette dernière vient, en effet, de recommander exclusivement, dans les soins apportés aux autistes, le recours aux méthodes s’inspirant du comportementalisme et de bannir celles faisant référence à la psychanalyse. À défaut d’apporter des solutions, le plan Bachelot offre ainsi un bouc émissaire, « la psychanalyse » aux familles, ou plus exactement à des associations qui en ont fait un véritable combat.Toute approche scientifique ou médicale doit être l’objet d’une étude critique, et la psychanalyse ne doit pas y échapper. Cela vaut en particulier pour les soins apportés aux personnes autistes... Mais dans le cas présent, l’offensive menée par des lobbies particulièrement actifs relayés par des parlementaires UMP et la « Haute Autorité de santé » s’apparente davantage à une croisade sans merci, de gens enfermés dans leurs certitudes et dont le seul objectif est la mise à mort des « hérétiques », qu’à une approche scientifique et critique. Dans ce « débat », des méthodes inacceptables de falsifications, de calomnies et d’intimidation sont utilisées. C’est le cas, par exemple des attaques et menaces contre le Professeur Delion, et la technique des enveloppements humides (packing). Cette technique a été présentée comme un « acte de barbarie » [sic], alors qu’elle est pratiquée, pour des indications précises, par des équipes de soins très respectueuses des patients, et peut donner des résultats probants. Cette offensive « idéologique » ne peut être séparée d’intérêts très matériels dont les enjeux sont considérables.Le transfert vers des associations médico-sociales « éducatives » (se référant aux thérapies comportementales) de la prise en charge de personnes soignées auparavant dans le service public (censé être adepte de la psychanalyse) leur permet de gagner, selon l’expression désormais utilisée, de nouvelles « parts de marché ». La querelle contre la psychanalyse vient ici conforter les orientations de la loi Bachelot (« Hôpital, patients, santé et territoires ») réduisant la place de l’hôpital et du service public au profit du secteur médico-social associatif (fonctionnant souvent à bas coût avec beaucoup de précarité), pour des raisons qui n’ont rien d’idéologique. Bachelot 2, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, ne fait ainsi avec le « plan autisme » que compléter l’œuvre de destruction de Bachelot 1, ministre de la Santé.

J.C. Delavigne