Publié le Mardi 15 décembre 2020 à 13h51.

Cantines scolaires de Marseille : tout n’est pas rose !

Entretien avec Charlotte, militante CGT.

 

Depuis plusieurs semaines, une grève touche certaines cantines scolaires à Marseille. Quels sont les syndicats qui appellent ? Sur quelles revendications ?
Les agents font grève sur le préavis national de Solidaires (non représenté à la Ville) et de la FSU par rapport à la crise sanitaire et aux difficultés à appliquer les protocole, et sur préavis local de l’UNSA.

La crise sanitaire a démontré ce qu’on disait à l’ancienne municipalité : il y a bien un manque de personnel. La crise a aggravé la situation avec les agents en arrêt pour covid, celles déclarées cas contact, les autres absences (Maladie…) et les agents mises en Autorisation Spéciale d’Absence car vulnérables. A cela s’ajoute, un protocole sanitaire inapplicable.

 

Quelle réponse la municipalité donne-t-elle à ce mouvement ? Les organisations syndicales appelantes ont elles été reçues ?
La FSU a été reçue, et aussi l’UNSA qui suite à cette entrevue, a arrêté la grève.

 

La Ville a procédé à des embauches de personnel. À combien se chiffrent elles ? Comment cette première mesure a-t-elle été reçue par le personnel ?
La municipalité a déjà procédé au recrutement d'agents (312 pour les écoles et les crèches) et a également :

- augmenté le nombre d'heures des agents de surveillance inter-cantine (ASIC) à 10h/semaine, jusqu'à 40h pour certaines, à 28h pour celles qui le voulaient. Ces agents seront le vivier des prochains recrutements statutaires. 

- redéployé les animateurs de la direction de la Jeunesse et des mairies d’arrondissement pour remplacer les ASEM [agents spécialisés des écoles maternelles] absentes et a fait appel au volontariat auprès des agents dont les services sont fermés comme les musées, la direction de la Mer, la direction des Sports, etc. Mesure présentée comme provisoire pour répondre à l’urgence.

- par ailleurs, et « afin de soulager les personnels en poste », la municipalité fait appel « provisoirement » au privé pour l’entretien des locaux, permettant aux agents d'assurer la restauration et la désinfection des selfs après chaque passage des groupes d'enfants.

 

Quelle est la position de la CGT dans le conflit en cours ?
Nous n'avons  pas appelé à la grève car un dialogue c'était engagé avec l'adjoint à l'Éducation afin de faire remonter les situations compliquées que rencontraient les agents et de leur soumettre nos revendications. Les mesures prises par la municipalité faisaient partie de ces revendications.

La section « écoles » a fait le choix de ne pas appeler à la grève au regard de leur volonté de faire avancer la situation, mais a remis officiellement son cahier revendicatif en posant un ultimatum : avoir une réponse écrite de la part de la municipalité sur la mise en place d'un plan pluriannuel de 400 recrutements statutaires tous grades confondus et, en attendant, de faire un geste fort en direction des personnels en reconnaissant la pénibilité du travail en dérogeant à la règle des 1607 heures, et également de prendre en compte le temps d’habillage et de déshabillage et ce d’ici fin janvier 2021 lors de l’élaboration du budget qui doit être voté en mars. Si il n’y a pas de réponse concrète, la CGT ira au conflit.

 

La CGT ne craint-elle pas d’être accusée de bienveillance à l’égard de la municipalité… comme c’était le cas pour FO envers Gaudin ?
Non. Nous gardons notre autonomie et prenons des décisions contraires à bien des projets de celle-ci.

Par exemple, nous avons voté, en comité technique, contre la mise en place de lignes directrices de gestion dans le cadre de la CAP [commission administrative paritaire] d’avancement de grade pour mars 2021, et surtout, refusé de signer l’accord sur le service minimum qui porterait gravement atteinte au droit de grève dans les écoles et crèches, comme cela est prévu dans la loi de transformation de la fonction publique.

Il nous a même été dit que sans signature de cet accord, il n’y aurait pas de « dialogue social » possible. Cela n’a pas empêché FO, UNSA, et CGC-CFTC de signer ce protocole.

Mais si la situation n’évolue pas, il y aura conflit. D'ores et déjà, un préavis a été déposé par la CGT et  la FSU pour le 21 décembre, jour du conseil municipal.