Publié le Mercredi 15 mars 2023 à 12h02.

À Chambéry, l’air devient brun !

Si Chambéry est une ville où le RN ne fait que de petits scores électoraux, elle est toutefois devenue un lieu d’implantation pour l’extrême droite, comme en témoigne l’attaque de la Maison des syndicats dans la nuit du 6 au 7 mars dernier.

En 2018, le Bastion social avait ouvert à Chambéry un local, qui a tenu une année, avant qu’il ne soit contraint de fermer après la dissolution de cette organisation mais aussi grâce à de fortes mobilisations antifascistes locales. 

Depuis lors, l’extrême droite n’a en réalité pas cessé de se renforcer. Elle est parvenue à s’implanter à la fac, où la Cocarde dispose d’élus dans toutes les instances.

Local libertaire et local du PCF attaqués

Les locaux des organisations de gauche font désormais l’objet d’attaques régulières et répétées. L’Insolente, le local libertaire de Chambéry, a fait l’objet de tellement de dégradations que plus personne ne peut les compter et ses militantEs ont depuis longtemps renoncé à avoir une vitrine. Le local du PCF a lui aussi été la cible ces deux dernières années de cinq attaques, avec des dégâts matériels chaque fois plus importants et, plus inquiétant désormais, l’utilisation d’armes à feu pour cribler ses murs de balles.

Les militants d’extrême droite multiplient aussi les provocations dans les manifs et n’ont pas hésité à venir perturber la dernière Gay Pride. Dans la nuit du 27 février 2023, ils ont franchi une nouvelle étape, en organisant un défilé militaire dans la principale artère de la ville, qu’une grosse vingtaine de fascistes a descendu au pas cadencé, en beuglant le chant des chacals et en promettant de pendre les marxistes. La veille de la grande manifestation du 7 mars, ils ont pensé utile de montrer à quel camp social ils se rattachaient, en allant dégrader la Maison des syndicats où ils ont en particulier incendié trois véhicules syndicaux ­appartenant à FO et à l’UNSA.

Impunité

L’extrême droite monte en puissance dans un silence et une absence totale de réaction de la part des autorités, puisque aucune arrestation n’a encore eu lieu, alors même que dans une ville de la taille de Chambéry tout le monde connaît ces militants. 

L’impunité des fascistes interroge d’autant plus que, l’intelligence n’étant pas ce qui les caractérise, ils ont l’habitude de laisser sur les lieux de leurs attaques des tas d’éléments permettant leur identification (empreintes, sang, visages découverts à proximité des caméras, etc.). À l’évidence, le préfet, le procureur et la police semblent plus enclins à pourchasser les syndicalistes qu’à répondre aux graves agressions que les fascistes multiplient.