Publié le Mercredi 15 avril 2015 à 10h03.

Contre le Medef et le gouvernement, ce n’est qu’un début...

La journée de grève et de manifestations du 9 avril a été un succès. Plusieurs dizaines de milliers de manifestantEs de la place d’Italie aux Invalides à Paris et plusieurs dizaines de milliers répartis dans de nombreuses villes en région.

Certes le plus gros des cortèges, rassemblé le plus souvent derrière les banderoles CGT, était composé de syndiquéEs, de militantEs, habitués de ce genre de manifestations. Mais un peu partout aussi étaient présentes d’importantes délégations d’entreprises dans lesquelles des luttes sont engagées, parfois depuis plusieurs semaines. Radio France, Sambre-et-Meuse, Appel 24, Carrefour Market à Paris, SNCM, salariéEs du port à Marseille, etc. Autant de cortèges dynamiques qui illustrent l’existence de résistances.

Et pendant ce temps-là…Faisant mine d’ignorer la lourde défaite des élections départementales autant que les luttes en cours, le gouvernement continue sa politique de casse sociale et de cadeaux au patronat. La loi Macron, validée par le seul 49-3, risque d’être encore plus régressive après son passage au Sénat. La loi Touraine va porter de nouveaux coups à la Sécurité sociale et à l’hôpital public, dégradant la qualité des soins et accélérant la privatisation de la santé.La loi Rebsamen sur le dialogue social organise un recul des droits et moyens des Institutions représentatives du personnel (IRP) réellement sans précédent auprès desquelles les attaques portées précédemment par la droite font figure de maigres hors d’œuvre. Fusion obligatoire des comités d’entreprises, délégués du personnel et comités hygiène sécurité conditions de travail (CHSCT) jusqu’au seuil de 300 salariéEs, avec possibilité de cette même mise en œuvre pour des entreprises au-delà de 300, avec prolongation possible du report des effets de seuil pour la mise en place des IRP.Avec en perspective, la loi Macron 2 qui prévoit l’extension des contrats de mission et la multiplication des dérogations à la durée légale du travail de 35 heures. Et entre les deux, une loi sur le renseignement qui protégera davantage les exactions des services de renseignement et empiétera toujours plus sur notre vie privée. Et encore devrait-on s’attarder sur les nouvelles dispositions concernant les collèges, sans oublier l’offensive contre le service public de la culture, de l’information et du divertissement à travers les attaques contre Radio France...Toutes les réformes gouvernementales ne sont que des régressions, et toutes les résistances sont disqualifiées par le pouvoir et les médias dominant comme un refus de la modernité, de la prise en compte des nouvelles réalités économiques, et qu’elles sont à l’instigation de syndicalistes attardéEs voire réactionnaires. C’est aussi sur ce terreau malsain que progressent les idées, le vote et l’implantation de l’extrême droite.

Construire les ripostesLes luttes existent. La journée du 9 avril a montré la disponibilité de nombreux militantEs à élargir les mobilisations, à hausser les revendications au niveau d’une opposition aux politiques gouvernementale et patronale.Pour que cette opposition progresse, il faut que les luttes s’ouvrent les unes aux autres, confrontent les expériences et mettent en commun le plus efficace. Les intermittents du spectacle, les grévistes de Carrefour Market se sont invités dans le studio 105 de Radio France. Il faut multiplier ces rencontres, ces échanges, pour se donner confiance, s’épauler. Dans les régions, dans les branches, bousculer les barrières des statuts, des métiers, des syndicats.Dans le même temps il faut débattre dans les structures syndicales de nouvelles initiatives centralisatrices, nationales qui, là aussi, renforcent la confiance, donnent l’idée d’une confrontation globale, nationale, à dimension inévitablement politique, face à un gouvernement dont la feuille de route n’a comme seul contenu que austérité, régression sociale et répression. Toutes les forces – associatives, syndicales, politiques – sont nécessaires, bienvenues, dans le respect des champs d’intervention et de la démocratie militante pour construire cet affrontement, œuvrer au rassemblement démocratique des forces du monde du travail et de la jeunesse. Défendons partout la nécessité de construire une initiative nationale à la mi-mai qui s’inscrive dans un véritable plan de bataille.

Robert Pelletier