Publié le Jeudi 18 mai 2017 à 09h33.

Reculs sociaux : Cadeaux de départ

Alors que les cartons se préparent dans les ministères suite à l’élection de Macron et à l’imminence de la nomination d’un nouveau gouvernement, la parution de décrets et autres arrêtés se succèdent au Journal officiel...

Ainsi, on a droit à ceux sur la prise en charge du défenseur syndical, à la formation commune entre conseillers prud’homaux patronaux et salariéEs (vive le corporatisme !) et même à une retouche de la procédure civile suite à la baisse drastique des contentieux entraînée par l’application de la loi Macron…

Promesses

De la sorte, il s’agit aussi de tenir ses engagements vis-à-vis de la CFDT, qui a soutenu mordicus la loi travail, à travers la publication du décret relatif à la prise en charge, par les plateformes, de la cotisation accident du travail des travailleurs ubérisés ou la mise en place d’une représentation du personnel dans les réseaux de franchise de plus de 300 salariéEs : pas question d’insulter l’avenir et un partenaire potentiel.

On notera aussi l’interdiction définitive des grenades offensives de type F1, les mêmes qui ont tué Rémi Fraisse il y a deux ans – à quand le tour de celles défensives et du flashball qui mutilent les manifestantEs ? – ou l’arrêt, dans un lointain avenir, des spectacles de cétacés.

Héritage

Le terrain est balisé pour le nouveau Président qui n’aura plus qu’à pousser les feux des mesures héritées de Hollande, que ce soit avec ses projets d’étendre l’initiative du référendum d’entreprise au patron ou la négociation d’entreprise à l’ensemble des sujets hors temps de travail, mettant en sourdine le rôle des branches et la force impérative de la loi. En retour, il n’opposera pas de candidat de son mouvement à l’ex-ministre du travail, Myriam El Khomri : merci pour ce moment !

Pire, il veut derechef imposer le plafonnement des indemnités prud’homales que la mobilisation de l’an dernier avait mis sous le boisseau, Avosial, le syndicat qui regroupe les avocats d’entreprises en droit social, a lui soumis 15 points de blocage à lever en la matière, et le PDG de Monoprix réclame déjà sur France Info, en guise de cadeau d’anniversaire pour les 85 ans de son enseigne, de pouvoir davantage étendre le travail de nuit et du dimanche.

Et maintenant ?

Pourtant, le bilan de la loi Macron, c’est Thomas Hollande, le fils de l’ex-Président, avocat des salariéEs de Tati, qui en parle le mieux : calamiteux pour eux ! L’héritier de Hollande a lui désormais à sa disposition tout l’arsenal de la 5e République pour contraindre le Parlement à lui obéir, entre la procédure accélérée, le vote bloqué, le 49.3 et les ordonnances.

Macron devrait pourtant se sosuvenir, comme il se pique d’être un fin politique, que le démantèlement de la Sécurité sociale par son illustre prédécesseur constitue un des prémices du soulèvement de Mai 1968 et que le divorce entre les hautes sphères du pouvoir et le pays réel n’a jamais été aussi criant.

LD