Publié le Samedi 3 février 2018 à 10h07.

CSG : Les entourloupes de Macron

Le gouvernement prétend que l’augmentation de la CSG « compensée » par la suppression des cotisations sociales a pour but d’augmenter le pouvoir d’achat de la population. La réalité est différente…

La CSG sur les salaires du public et du privé est passée, au 1er janvier 2018, de 7,5 % à 9,2 % (+ 1,7 point) soit une augmentation de 22,66 %. Sur les pensions de retraite elle progresse de 6,6 à 8,3 % (+ 1,7 point également) soit une augmentation de 25,76 %.  

Pour « compenser » cette augmentation, les cotisations maladie (0,75 % en 2017) ont été supprimées au 1er janvier et les cotisations chômage (2,4 %) diminuées de 1,4 point. Elles disparaîtront définitivement le 1er octobre 2018, soit 9 mois sans « compensation ».

Pseudo-compensation 

Les fonctionnaires n’auront aucune augmentation de leur salaire net, le gouvernement se contentera de verser une indemnité compensatrice de 1,67 % de la rémunération brute afin de contrebalancer la hausse de la CSG. La contribution exceptionnelle de solidarité de 1 % disparaît pour les fonctionnaires concernés, et dans ce cas l’indemnité compensatrice est ramenée à 0,67 % du salaire brut.

Les plus grandes victimes sont les retraitéEs. Certes, les revenus les plus bas restent exonérés de la CSG ou soumise au taux réduit (3,8 %), mais la majorité des pensions sera ponctionnée par la hausse de la CSG. Le gouvernement prétend compenser cette perte de revenus par le dégrèvement de la taxe d’habitation, mais cette mesure, qui n’est pas spécifique aux retraitéEs, sera mise en œuvre progressivement : cet impôt local sera diminué de 30 % en octobre 2018 et de 35 % en 2019 et 2020. Trois ans sans pseudo-compensation !

La fiscalisation, un risque majeur pour la Sécu

Macron, qui s’était engagé à diminuer l’impôt de 5,5 milliards d’euros, va en réalité l’augmenter puisque 21,5 milliards d’euros de cotisations seront remplacés par un impôt, la CSG. Les employeurs bénéficient ainsi d’exonérations de cotisations sociales supplémentaires, tandis que les salariéEs sont taxés par cet impôt particulièrement injuste, avec un taux unique quel que soit le revenu, alors que l’impôt sur le revenu reste encore un petit peu progressif.

La CSG contribuait au financement de la protection sociale pour un montant de 90 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent en 2018, 21,5 milliards supplémentaires, soit 111,5 milliards. C’est une somme plus importante que les 70 milliards d’impôt sur le revenu (IR) et bien tentante pour les gouvernements ! La fusion de l’IR avec la CSG prônée par le PS et la droite pourrait ainsi être à l’ordre du jour après la mise en œuvre du prélèvement de l’IR à la source en 2019. Les recettes allouées au financement de la Sécurité sociale et celles de l’État pourraient ne plus être distinctes. Macron a déjà annoncé qu’il envisageait de financer des dépenses de l’État par la CSG, affectée jusqu’à présent uniquement à la Sécu. Les caisses de la Sécurité sociale seraient ainsi ponctionnées au profit des assurances privées, des fonds de pension…

S. Bernard