Durant sa campagne électorale, Emmanuel Macron avait annoncé son objectif de « 120 000 suppressions de poste dans la fonction publique d’ici à 2022 ». Plus précisément, il s’agit de liquider 50 000 emplois dans la fonction publique d’État et 70 000 dans les collectivités territoriales. Comme si le problème était un excès de service public et non un déficit de service public…
Destruction massive
Récemment, Olivier Dussopt, secrétaire d’État en charge de la Fonction publique et des Collectivités locales, expliquait, en ayant recours à la rhétorique technocratique de la Macronie : « Il faut d’abord travailler sur la façon de moderniser les services publics et de gagner en productivité. Ce n’est qu’à partir de là que l’on peut supprimer des emplois, tout en conservant un objectif : l’amélioration de la qualité du service public rendu aux usagers. La mise en œuvre des réformes étant progressive, plus nous allons avancer, et plus des marges de réduction des effectifs se dégageront. » Comprendre : nous allons améliorer la qualité du service public en supprimant des dizaines de milliers de postes. Telle est l’implacable logique du plan CAP 2022.
Éducation, santé, transports, finances publiques, service public postal, culture… Aucun domaine ne semble vouloir échapper aux ambitions destructrices du gouvernement qui, marchant sur les pas de ses prédécesseurs et en conformité avec les décisions européennes, s’attèle à démanteler méthodiquement les services publics et à les libéraliser, au nom des « économies nécessaires », de la « rationalité », de l’« efficacité ». Concrètement, on parle de fermetures de milliers de bureaux de poste, de « restructurations » dans le domaine hospitalier (avec entre autres la disparition des maternités de proximité), de fermetures de classes, mais aussi de la mort de milliers de kilomètres de « petites lignes » ferroviaires et, plus globalement, de l’éloignement toujours plus grand des services publics, qui oblige des millions de personnes à parcourir des dizaines de kilomètres pour pouvoir en bénéficier.
Les services publics ne sont pas faits pour être rentables !
C’est exactement le contraire qu’il faut faire. L’éducation, la santé, les transports, la culture… ne sont pas faits pour être « rentables » ! À l’inverse des politiques de libéralisation et de démantèlement, qui s’accompagnent de la casse du statut de fonctionnaire, il s’agit de redonner tout son sens à la notion de « services publics ». Financés par les impôts, ils doivent bénéficier à la collectivité et contribuer à résorber les inégalités sociales et territoriales sans considérant de rentabilité ou de compétitivité. Permettre à chacunE de vivre, c’est aussi permettre à chacunE d’accéder à la satisfaction de besoins essentiels indépendamment de ses moyens. C’est possible, en développant des services publics de proximité et de qualité, gratuits ou à très bon marché : pour l’éducation, pour la santé, mais aussi pour le logement, la culture, les activités sportives ou l’accès aux biens de première nécessité. Cela passe notamment par la réouverture des petites lignes et de l’ensemble des services publics de proximité, et par leur extension. Mais aussi :
▸ Une école gratuite où apprentissages techniques, manuels et intellectuels sont pensés en complémentarité et non comme un outil de tri social ; une université gratuite et sans sélection ; la fin des fermetures de classes, des moyens conséquents pour permettre à toutes et à tous de bonnes conditions d’apprentissage (effectifs limités à 20 par classe), avec des créations massives de postes de fonctionnaires et la titularisation de tous les précaires.
▸ La fin de l’austérité budgétaire à l’hôpital ; la création de 120 000 emplois pour maintenir des établissements de proximité, comprenant au moins un service d’urgence, une maternité et un service de chirurgie, et créer des centres de santé publics ouverts 24/24 h pour la médecine de proximité.
▸ L’expropriation des groupes privés du secteur énergétique et la création d’un service public unifié de l’énergie, avec de véritables efforts de planification. Ce qui permettrait d’aboutir à 100 % d’énergies renouvelables en 2050, en combinant arrêt du nucléaire, fermeture immédiate de tous les réacteurs de plus de trente ans, abandon des projets d’enfouissement des déchets radioactifs et sortie des énergies fossiles.