Quand François Hollande annonce l’état d’urgence économique et sociale, cela signifie guerre sociale contre les salariéEs et nouveaux cadeaux pour le patronat.
A l’occasion de ses vœux aux « acteurs de l’entreprise et du monde économique », le président de la République n’a pas manqué de rappeler que la France était « sous état d’urgence » et donc que la guerre continuer de constituer la toile de fond de la situation sociale et politique. Une certaine façon de laisser entendre que « l’ennemi est (aussi) dans notre pays »...
Tout pour eux !
Aux principaux bénéficiaires, les patrons, Hollande a commencé par annoncer la pérennisation de cadeaux anciens... et en sorti de nouveaux de sa hotte. Il y a d’abord les cadeaux immédiats : pérennisation du crédit impôt-recherche et transformation du crédit d’impôt lié au Pacte de solidarité et de responsabilité (le paquet cadeau du CICE d’un montant de 40 milliards) en « baisse définitive des charges sociales ». Oublié le bilan des créations d’emplois !Ensuite, une nouvelle prime de 2000 euros pour les PME de moins de 250 salariéEs qui embaucheront un jeune à un salaire de 1 à 1,3 SMIC en CDI ou en CDD de plus de 6 mois. Même les économistes les plus acritiques parlent de trappe à emplois favorisant le développement des bas salaires...Et pour lever les angoisses des patrons, confirmation du plafonnement des indemnités en cas de licenciement abusif.
Dans un second temps, pour le développement durable des profits, le président a confirmé le démarrage de la destruction du code du travail. La version light mise en chantier dans les mois qui viennent devrait se réduire à quelques règles sur l’ordre public social. L’essentiel des règles qui régiront l’exploitation des salariéEs sera mise en place dans le cadre d’accords d’entreprise sous emprise patronale, pouvant fixer le temps de travail, le taux et le nombre des heures supplémentaires – avec des décomptes au-delà de l’année – et la possibilité en cas de « sauvegarde de l’emploi » de dispositions s’imposant contre le contrat de travail...
Les miettes pour nous !
Pour les salariéEs, ce qui est proposé en monnaie d’échange aux syndicats les plus dociles, sont les fumeuses mises en œuvre du compte personnel d’activité censées pérenniser congés spécifiques, validation des acquis de l’expérience et épargne salariale. Version light là aussi de la sécurité sociale professionnelle chère à la CGT, mais rien qui permette de compenser perte d’emploi et de revenus. Et surtout rien qui ressemble à une quelconque forme d’interdiction des licenciements.
Enfin, pour les chômeurs/euses, confirmation de l’arnaque qui consiste à faire sortir 500 000 d’entre eux/elles des statistiques du chômage au moyen de formations dont il est établi que les deux tiers ne débouchent sur aucun emploi. Le milliard alloué à la formation professionnelle, le développement de l’apprentissage ou des emplois de professionnalisation ne sont aussi que des mesurettes dont le résultat essentiel est de camoufler toujours plus de chômeurEs dans les statistiques. Cela contribue à détruire toujours davantage l’enseignement technique et professionnel dispensé au sein de l’Éducation nationale au profit d’organismes de formation qui sont à la fois source de gains pour le patronat et lieux de domestication des jeunes. A cela s’ajoute le déploiement du service civique, du livret citoyen et l’extension de la journée défense et citoyenneté à une semaine.
Résister, unir
Les décisions de Hollande continuent d’aller dans le même sens : toujours plus de cadeaux aux patrons, toujours moins de droits et de protection pour les salariéEs, en même temps que ce gouvernement s’acharne sur celles et ceux qui résistent à la dictature patronale : celles et ceux d’EDF-GDF, d’Air France, de Goodyear, de Ford, d’Attac Marseille, des opposantEs à Notre-Dame-des-Landes... sont les cibles d’une répression facilitée, légitimée, par l’état d’urgence.La journée de mobilisation syndicale du mardi 26 janvier, la manifestation contre l’état d’urgence et la déchéance de la nationalité du samedi 30 janvier, doivent permettre d’unir les résistances sociales et la lutte contre un pouvoir de plus en plus répressif contre les salariéEs et de plus en plus guerrier contre les peuples.
Robert Pelletier