Publié le Dimanche 22 décembre 2013 à 17h30.

Emplois et licenciements : combattre l’insécurité sociale

En cette fin d’année 2013, Hollande continue-t-il à guetter l’inversion de la courbe du chômage annoncée, tout absorbé qu’il est par son rôle de gendarme de la Françafrique ? Sur le front de l’emploi, ce sont des milliers de salariéEs qui chaque mois continuent de perdre leur seul moyen d’existence.

Si Petroplus, PSA, Goodyear, Arcelor Florange, Virgin, etc. ont sinistrement plombé la première année du gouvernement, ce sont désormais La Redoute, Alcatel, Fagor-Brandt, Michelin, Tilly-Sabco et tout l’agroalimentaire breton qui sont sur le devant de la scène sociale et illustrent sa politique.

Un sinistre bilanSelon le ministère du Travail, pour les neuf premiers mois de l’année, 736 plans de sauvegarde de l’emploi ont été notifiés, soit une hausse de 16 % par rapport à la même période en 2012, pendant que 12 790 entreprises ont déposé leur bilan au troisième trimestre (+ 7,5 % en un an). Près de 53 000 emplois se trouveraient menacés par des procédures collectives (+ 5 % en un an). Dans l’industrie, sur les trois premiers trimestres de l’année, 191 fermetures d’usines employant plus de dix salariéEs ont été recensées, chiffre comparable, pour la même période, en 2012. Y compris pour des entreprises considérées comme solides : 6 000 entreprises de plus de cinq ans, soit près d’une défaillance sur deux, auraient fermé au troisième trimestre, soit 15 % de plus par rapport au même trimestre de 2012. Ces chiffres ne sauraient masquer le fait que le plus grand nombre de suppressions de postes ou d’emplois sont hors de statistiques, car résultant des effets dits induits ou indirects des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) récents, et des fermetures.

Les patrons bien servisAu cours de la campagne présidentielle Hollande avait dénoncé cette « désindustrialisation inacceptable », qui de 2007 à 2012 avait fait perdre 400 000 emplois dans les secteurs manufacturiers. Tentant de prendre le contre-pied du mortifère « l’État ne peut pas tout » de Jospin, le gouvernement a mis en place le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) de 20 milliards d’euros en faveur des entreprises, une Banque publique d’investissement, et lancé des aides à l’innovation et un programme « Nouvelle France industrielle » doté de 34 plans sectoriels. Rien que des cadeaux au patronat !Mais, surtout, pour permettre aux entreprises de gagner la course à la compétitivité, le gouvernement, appuyé par les confédérations CFDT, CGC et CFTC, a fait voter par sa majorité la loi validant l’Accord national interprofessionnel sur la compétitivité des entreprises permettant le développement de la « flexisécurité à la française » dont Sarkozy et le Medef avait rêvé. Allègement généralisé des procédures de contrôle et de résistance des institutions représentatives du personnel (comité d’entreprise, CHSCT), et impossibilité pour les salariéEs de s’opposer à leur licenciement en cas de refus des modifications de contrat de travail, vont accroître l’insécurité de l’emploi. La contre-réforme de l’inspection du travail tendant d’une part à dessaisir les inspecteurs de leur prérogatives tout en allant vers une dépénalisation du droit du travail « consoliderait » ces dispositions.Au total, et en conséquence, le risque est grand de voir encore s’affaiblir les résistances collectives en matière d’emplois ou de salaires. Enfin une vraie piste ouverte par le gouvernement pour voir la compétitivité des entreprises s’améliorer !

L’urgence de la riposteS’il n’est pas sûr que cet « environnement » plus favorable suffise au patronat, il est urgent pour les salariéEs d’engager un combat résolu contre ces politiques. Loin de toutes les formulations autour des « consommons, produisons, français », la riposte des travailleurEs doit se construire autour de l’interdiction des licenciements, la réduction massive du temps de travail sans baisse de salaire et l’amélioration des conditions de travail de toutes et tous.Alors que les Goodyear tiennent bon, ils pourraient être rejoints pas les travailleurEs de La Redoute contre les liquidations d’emplois, et de Michelin et Total sur les salaires. Un pôle ouvrier des résistances qui se placerait au centre du combat politique contre le gouvernement.

Robert Pelletier