La semaine dernière, les journaux ont rivalisé sur le thème : le gouvernement revalorise les salaires des fonctionnaires, wahouuuuuuu ! Et d’appuyer sur la rengaine des « privilégiés »...
Dans la fonction publique, les salaires sont définis d’après le point d’indice...
La vérité des prix
De 1995 à 2010, ce point d’indice a donc très très lentement évolué jusqu’à l’arrêt total de sa progression : il avait pris 13 % d’augmentation depuis 1995 jusqu’à son gel en 2010. Dans le même temps, l’inflation a grimpé à plus de 35 %. Autrement dit, en 20 ans, les fonctionnaires auraient perdu 22 % de leur pouvoir d’achat.
Et cette tendance s’est évidemment accentuée ces dernières années. À partir de 2010, non seulement le point d’indice a été totalement gelé mais en plus, la réforme des retraites a eu pour conséquence l’augmentation de la retenue pour les pensions et les complémentaires.
Depuis 2010, ces charmantes mesures salariales, entamées par la droite et poursuivies par la gauche, auraient permis une économie de 7 milliards d’euros. Et soit dit en passant, la contribution des fonctionnaires à l’effort national ne s’arrête pas là : les 80 000 postes d’enseignants supprimés sous Sarkozy n’ont toujours pas été restitués, la SNCF prévoit déjà la suppression de 13 000 postes en 5 ans, et 3 500 postes ont été supprimés à l’AP-HP entre 2010 et 2014.
Ne nous y trompons pas : saboter les conditions de travail des agents de la fonction publique (gel des salaires, compression des effectifs, locaux souvent à refaire), c’est mettre en péril l’ensemble de la qualité du service rendu aux enfants, aux usagerEs, aux patientEs... C’est donc l’ensemble des salariéEs qui trinque quand les services publics sont esquintés.
Quelle revalorisation ?
Alors que propose Maryse Lebranchu ? Rien d’autre qu’une légère remise à niveau pour faire croire qu’elle est encore de gauche ! Il faut dire que la grogne s’est fait entendre plus d’une fois cette année du côté des enseignantEs, des hospitalierEs ou encore des cheminotEs. De plus, on est arrivé à une situation telle que le bas de la grille en catégorie C et B a basculé à plusieurs reprises sous le seuil du SMIC. Et si l’on ne fait rien, ce sera le cas dans deux ans de la catégorie A...
La ministre, reconnaissant les efforts consentis par les fonctionnaires, nous a donc fait le coup du cadeau de remerciement. Vu les milliards accumulés, c’est bien le minimum... Mais on a surtout envie de lui dire que ses queues de cerise en guise de revalorisation, elle peut se les garder ! 30 à 70 euros brut d’augmentation étalée jusqu’en 2020 avec, comme par hasard, un premier « coup de pouce » en 2017, année des élections présidentielles ! Et ces 70 euros sont bien évidemment pour les derniers échelons de la grille indiciaires, c’est-à-dire ceux que les fonctionnaires auront de moins en moins la possibilité d’atteindre tant le rythme d’avancement est ralenti. De plus, il faut avoir en tête que les fonctionnaires doivent désormais cotiser à 42 ans. Comment imaginer un enseignantE à 67 ans face à des enfants de 4 ans, sans Atsem qui, faute de moyens, se concentrent chez les petits ? Ou encore, comment parier sur la vigilance d’un infirmierE de 65 ans qui, de plus, aura vu ses RTT grignotées, et le nombre de patientEs à soigner augmenter ?
Dit autrement, les 70 euros brut, peu en verront la couleur !
Pour une augmentation générale des salaires !
Aujourd’hui, ce qu’il nous faut, c’est une augmentation générale des salaires correspondant à 300 euros net par mois dans tous les secteurs, et un Smic à 1 700 euros net.
Seule la mobilisation de tous les salariéEs, du public comme du privé, nous permettra de gagner. En nous appuyant sur les grèves de cette année, réunissons nos forces et préparons-leur une rentrée sociale combative. Tous ensemble pour enfin construire une riposte commune.
Denise Sarraute