Publié le Vendredi 31 mai 2013 à 11h13.

Ford Blanquefort : une victoire d’étape, un encouragement

Le 24 mai s’est déroulé à l’usine un comité de pilotage (préfet, élus locaux, ministère du Redressement productif, Ford Europe…) marqué par la signature d’un accord entre les pouvoirs publics et Ford Europe. Cela concrétise enfin l’engagement verbal de Ford depuis le rachat de son usine (décembre 2010) sur le maintien de 1 000 emplois et le retour du nom et du logo Ford. En échange, ce sont 12,5 millions d’euros d’argent public encore distribué à la multinationale, soit un tiers du total des subventions.C’est un jour important pour nous, salariéEs. Il est l’aboutissement d’une longue bataille menée depuis 2007 et, plus particulièrement, depuis l’annonce de nouvelles activités sur le site. Dans un contexte difficile de chômage partiel pour la grande majorité des salariéEs depuis 18 mois, lié à l’absence de production dans l’usine, nous avons continué les démarches et les actions diverses pour maintenir la pression à la fois sur les pouvoirs publics et sur Ford. Le fait marquant avait été la manifestation au Mondial de l’auto le 29 septembre 2012, où à 500, nous avions envahi le stand Ford et fait entendre fortement nos inquiétudes et exigences. Ford n’avait pas du tout apprécié cette manifestation, sanctionnant 5 militants accusés de ne pas avoir respecté la marque et, surtout, avait repoussé de plusieurs mois la tenue de ce comité de pilotage. Neuf mois plus tard, nous y voilà donc…

Continuer, élargirCe qui est obtenu, nous sommes allés le chercher. Alors, bien sûr, il y a de la satisfaction et aussi de la fierté pour tous ceux qui n’ont jamais cessé de résister. Mais en même temps, nous restons lucides. Nous savons qu’un engagement, y compris écrit, ne garantira pas le maintien des emplois. Car le fond du problème, ce sont des investissements supplémentaires et une nouvelle production que Ford doit décider sur le site, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, les dirigeants affirmant qu’avec les activités programmées (démarrages dans les 12 mois qui viennent), tous les emplois seraient préservés…Nous n’y croyons pas et c’est pour cela que nous continuerons la bataille. Notre détermination ne suffira pas, l’élargissement de la mobilisation est nécessaire. Il faut absolument, en particulier dans la région, que parmi les salariéEs et la population s’enclenche une riposte. Plusieurs boîtes ferment actuellement (Labso-Chimie et Mod’8 à Blanquefort, Mondi à Saint-Jean-d’Illac, Virgin à Bordeaux). Il y a ce qui est visible mais aussi tout ce qui ne l’est pas : l’impact de ces suppressions d’emplois (les emplois induits), les réductions d’effectifs dans les services publics, etc.Nous sommes touTEs concernéEs par la lutte pour la défense des emplois. Chacun dans son coin, on ne pourra pas réellement se défendre. Il faut reconstruire des réseaux de résistance, des liens de solidarité qui permettraient d’agir ensemble. À Ford comme ailleurs, on en a besoin pour tenir, pour s’opposer aux mauvais coups et, au final, pour changer la donne.

Philippe