Depuis le début du mois d'octobre, le personnel de l'hôpital Antoine Béclère de Clamart, qui emploie 1500 personnes, est mobilisé contre les conséquences du projet de restructuration de Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)*. Il est prévu de le fusionner l'hôpital Antoine Béclère avec l'hôpital Paul Brousse (Villejuif) et l'hôpital Bicêtre (Kremin-Bicêtre), situés dans un autre département (Val-de-Marne). Cette fusion sans cohérence médicale menace 102 emplois à Béclère, essentiellement administratifs. Le personnel s'est mis lutte avec l'intersyndicale (SUD, CGT, FO) et des assemblées générales bien suivies ont lieu tous les matins. Il n'y a aucune perturbation dans le service des soins mais les services administratifs sont bloqués.
Selon la comptabilité bureaucratico-libérale imposée par le ministère de la Santé, l'hôpital Béclère est en excédent financier de six millions d'euros pour 2009, contrairement à de nombreux autres hôpitaux de l'AP-HP. Cet excédent est essentiellement dû au fait que l'hôpital est depuis des années en sous-effectif de 120 emplois. Les conditions de travail y sont donc difficiles, si bien que l'hôpital a du mal à recruter du personnel. La fusion des trois hôpitaux, en plus de sa lourdeur administrative, permettra à l'administration de noyer cet excédent artificiel dans le déficit des autres hôpitaux et de faire perdre à l'hôpital Béclère son droit à recrutement des emplois manquants.
La lutte a payé car le directeur de l'hôpital a négocié avec les organisations syndicales un protocole qui donne en partie satisfaction au personnel. Si la fusion n'est pas remise en cause, le service financier, la gestion locale administrative, le service de DRH et les labos de Béclère seront conservés et garderont leur autonomie. C'est une victoire qui lève en grande partie, pour l'instant, les inquiétudes.
Mais le personnel est toujours en lutte car il veut négocier les conditions de sortie du conflit alors que la direction cherche à intimider le personnel en le menaçant de sanctions et en refusant de payer des journées qu'elle considère comme des jours en grève. Pourtant, durant tout le conflit, avec le soutien des médecins, le personnel a veiller à ce que tous les soins soient normalement et correctement assurés. La lutte consiste en des assemblées générales et des actions de blocage de services administratifs.
Jacques Radcliff, Clamart, vendredi 5 novembre 2010.
* Le projet de l'AP-HP prévoit la fusion de plusieurs hôpitaux de la région parisienne, dans la cadre d'un plan d'austérité lancé par le gouvernement pour la période 2011-2014. Les 37 hôpitaux doivent être regroupés pour en former 12 ce qui implique de fermer et de détruire des services entiers et des hôpitaux, comme Trousseau ou Bichat. La direction compte par cette opération supprimer 4 000 postes d'ici à 2012. Le déficit de l'AP-HP est de 95 millions d'euros ne représente que 1,4% de son budget.