Conséquence de la tarification à l’activité, le centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud (Chicas) est en déficit et supprime des postes. La loi Bachelot, qui introduit la notion de rentabilité dans les hôpitaux publics fait des ravages. L’annonce de 54 suppressions de postes a suscité l’indignation au centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud (Chicas), fusion des centres hospitaliers publics de Gap (Hautes-Alpes) et Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence). Déjà en 2008, 47 emplois ont disparu, conséquence d’un premier plan de redressement imposé par l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) malgré deux votes défavorables du conseil d’administration. Vendredi 23 avril, à l’initiative de l’intersyndicale (FO, CGT et CFDT), une soixantaine de soignants et d’usagers ont envahi la salle du conseil d’administration pour lire une motion demandant que ce deuxième plan soit refusé et dénoncer la politique de santé menée en France. Malgré la mobilisation, les administrateurs ont accepté le plan par onze voix contre quatre. La commission médicale d’établissement (CME), représentant les médecins, a également validé ce plan (dix-sept pour, quatre contre et quatre blanc). Ainsi, en raison d’un « déficit » de 7,8 millions d’euros, la suppression de 54 emplois pour les années 2010 et 2011 est entérinée, essentiellement des soignants (une infirmière et une aide-soignante par service en moyenne) alors que, pour la même période, le Chicas se donne l’objectif d’augmenter son activité. Dans la « novlangue » des cadres gestionnaires technocrates, il va donc falloir « produire » plus avec moins de moyens sans garantie que les aides à la contractualisation de l’Agence régionale de santé (ARS) soient renouvelées. Le mot d’ordre est se « réorganiser » et « faire des efforts ». Les mots utilisés pour faire passer la loi Bachelot sont déjà oubliés : équité sociale dans l’accès aux soins, mission de service public, soins de qualité pour tous y compris pour les plus démunis, amélioration des conditions de travail… Les salariés du Chicas seront donc moins nombreux pour une charge de travail qui va augmenter. La direction et les courageux administrateurs ont du mal à reconnaître qu’avec la politique de tarification à l’activité (dite T2A), ce deuxième plan risque de ne pas être le dernier. Depuis plusieurs années on étrangle financièrement le service public hospitalier. La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) organise tout cela en renforçant le pouvoir du directeur tout puissant. La logique comptable quantifie tout et exclut de sa finalité l’humain pour se concentrer sur l’allègement de la charge qu’il représente. La T2A, appliquée aujourd’hui pour calculer 100 % du budget de l’établissement, a fait de l’hôpital une entreprise et de la santé une marchandise. Avec ce nouveau type de financement, les établissements sont plongés dans le déficit, en particulier les établissements publics qui doivent assumer des soins qui coûtent plus que les allocations qu’ils reçoivent. Le maître mot n’est plus la santé mais la rentabilité. Dans l’hôpital-entreprise, certains actes médicaux deviennent plus « rentables » que d’autres. La prise en charge de certaines précarités ou souffrances sociales, des polypathologies et des maladies chroniques diminuent la rentabilité. La préoccupation centrale n’est plus le malade mais le compte d’exploitation de l’hôpital. Les premières victimes en sont les patients et les soignants. Fanny Reymond