Publié le Mercredi 29 mars 2023 à 17h50.

La grève dans les déchets à Orléans, une mobilisation exemplaire !

Comme dans de nombreuses autres villes, à Orléans les éboueurs sont aujourd’hui en première ligne dans la lutte contre la réforme des retraites. Ils ne s’étaient plus mobilisés avec une telle importance et une telle détermination depuis 2009, quand une grève de 26 jours avait remporté une augmentation des salaires.

La répartition entre régie publique et secteur privé a depuis ce mouvement été modifiée, afin que les poubelles du centre-ville d’Orléans soient ramassées par le privé, pour l’heure moins combatif.

À l’usine de traitement des ordures ménagères (UTOM) Trisalid à Saran, filiale de Veolia, une section CGT s’est montée l’année dernière. La section s’est depuis montrée assez combative, décrétant même la première journée de grève de l’histoire du site (depuis 1995) à l’occasion des mouvements ayant eu lieu fin 2022.

Dès le début du mouvement contre la réforme des retraites, la CGT Trisalid a cherché à briser la séparation public/privé et à construire des liens avec les différents acteurs du déchet dans le département, dont les éboueurs d’Orléans Métropole et leur ­syndicat CGT. 

Gros succès le 7 mars

Cette recherche d’unité a abouti une première fois lors de la journée du 7 mars, pour mettre la France à l’arrêt. Cela a été un succès, il y a eu plus de 92 % de grévistes chez les éboueurs, et plus de 40 % de grévistes à Trisalid. L’après-midi, à l’appel de l’intersyndicale départementale, tout le mouvement social orléanais s’est retrouvé pour un barrage sur le rond-point devant l’usine. Le mouvement n’a pas été reconduit le lendemain, mais a permis à tous les salariés du secteur des déchets de prendre conscience de leur force.

Le déclenchement du 49.3 a remobilisé tout le monde. Le lundi qui a suivi, après la collecte, les éboueurs se sont déclarés en grève à leur retour au dépôt, laissant les camions pleins. Ils ont installé un piquet dur devant l’UTOM, paralysant complètement son activité, et perturbant le trafic de toute la zone industrielle. Située à proximité de l’autoroute, cette dernière est un pôle industriel et logistique important de la métropole, comprenant des entreprises comme Amazon, Deret, Shiseido, Séphora, etc.

Point de ralliement du mouvement social orléanais

Le mouvement est reconduit tous les jours et le piquet de grève est devenu un point de ralliement du mouvement social orléanais. Sont passés régulièrement sur place les postierEs, les énergéticienEs en grève, des ouvrierEs de Federal-Mogul/Tenneco Saint-Jean-de-la-Ruelle (sous-traitant automobile), etc. L’accueil des automobilistes est excellent pour une immense majorité. Le NPA 45 est présent depuis le premier jour sur le piquet de grève, participant à récolter des fonds pour leur caisse de grève.

La paralysie du site est telle que les ouvrierEs chargés du tri à l’UTOM vont se retrouver au chômage technique, faute de déchets à trier. À l’incinération, une chaîne était déjà arrêtée pour travaux (fortement ralentis à cause du piquet de grève), et l’autre devrait s’arrêter dans la semaine, faute de stocks à brûler, mettant fin à la production d’électricité permise en temps normal par l’incinération.

Détermination

Et l’impact de la grève ne s’arrête pas là. Les lieux de stockage des déchets ramassés par les entreprises privées qui avaient été utilisées pour essayer de contourner la grève débordent. Dans l’usine traitant le recyclage de l’agglomération d’Orléans, mais aussi de tout le Loiret, de communes du Loir-et-Cher et de l’agglomération de Chartres (Eure-et-Loir), la collecte est de plus en plus interrompue faute de stockage.

L’impact est tel que Serge Grouard, maire ex-LR (et co-rédacteur du programme de Fillon en 2017) d’Orléans et président d’Orléans Métropole, a été obligé de se déplacer sur le site pour négocier. Face à la détermination des grévistes, il a été obligé de s’engager à retirer le référé réclamant les réquisitions des personnels auprès de la préfecture, d’ouvrir des négociations salariales et a même fini par lâcher un billet pour la caisse de grève !

Cette mobilisation exemplaire est pleine d’enseignements. Elle fera date localement, en illustrant l’importance des liens interprofessionnels et de l’unité public-privé, en montrant le côté stratégique du secteur des déchets, en permettant aux militantEs de différents secteurs et milieux de se rencontrer et de discuter. Ce lien entre employéEs de Trisalid et éboueurEs de la Métropole devra être renforcé et conservé après la mobilisation, et devra même s’étendre avec les agents d’autres entreprises, d’autres collectivités !

CorrespondantEs NPA 45