Publié le Vendredi 8 juin 2012 à 09h40.

La SAM et le patron voyou

La SAM, un équipementier automobile du bassin de Decazeville, est la deuxième entreprise industrielle de l’Aveyron avec 600 salariéEs. La grève y a été quasiment totale depuis le jeudi 31 mai arrêtant la production. La CGT, majoritaire dans l’usine, est le seul syndicat à animer le mouvement.

Les motifs de la grève : les salaires car la direction lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) n’a proposé que 1,2 % d’augmentation, soit moins que l’inflation, l’aggravation des conditions de travail liées à une hiérarchie de plus en plus arrogante et à des réorganisations sans embauches pourtant nécessaires. Des piquets ont bloqué tous les jours entrée et sortie de matériel et de pièces. L’occupation s’est prolongée y compris le week-end.

Lors des discussions avec la direction jusqu’au mardi 4 juin, les représentants du personnel se sont heurtés à la même intransigeance patronale : de petites ouvertures sur les conditions de travail, mais un blocage complet sur les salaires. Des assemblées générales ont voté chaque jour le renouvellement de la grève. La CGT Aveyron a demandé à tous ceux qui étaient disponibles d’aller soutenir « les camarades en lutte pour le développement de l’emploi et de l’industrie. »

La SAM est une usine aux fortes traditions de lutte. Les conflits s’y sont multipliés ces dernières années tant sur les salaires que sur l’emploi. Alors que les affaires de la direction prospèrent, c’est toujours ceinture pour les salariés. En quelques années, à coups de rachat, et d’aides publiques largement accordées par Sarkozy, le patron de la SAM s’est retrouvé à la tête du groupe Arche, leader français dans le traitement de l’aluminium. Alors qu’il explique aujourd’hui ne pas avoir les ressources pour augmenter les salaires, il était candidat cet hiver au rachat des Fonderies du Poitou.

Lors de cette grève, il n’a cessé de jouer les provocateurs. Il a d’abord déclaré à la presse : « Pour moi, ça remet en cause quinze ans de lutte pour ne pas délocaliser. Mais on va réfléchir à une autre stratégie ». Lundi 4 juin, il est descendu de son bureau pour interpeller dans la cour les ouvriers des piquets de grève. Il tenait à la main des mails en provenance de ses donneurs d’ordre, Peugeot et Renault qui, paraît-il, lui intimaient l’ordre de faire reprendre le travail. Et il s’est emporté : « Si ça continue comme ça, j’irai en Bulgarie, et tant pis pour ce trou-du-cul de Decazeville. »

C’est effectivement un champion en termes de mise en concurrence d’usines. Il avait déjà menacé de délocaliser entre l’Aveyron et le Jura : pas besoin d’aller chercher au-delà des frontières. Son raid vers une usine de Saint-Claude ayant tourné court, et ayant été désavoué par la justice à ce moment, il avait été traité en juillet 2011 de « patron voyou » par la fédération de la métallurgie CGT et la presse locale. Voilà le type de patron auquel les salariés de la SAM ont a affaire.

Lundi 4 juin, en soirée, une nouvelle assemblée générale se tenait. La grève continuait avec la même exigence d’un large soutien.

Correspondant Aveyron